Désordres (Yamina Hadjaoui / Swan Demarsan)

© Caro­line Bottaro

Gran­deurs et lâche­tés de l’amour

Sur la scène, entiè­re­ment déco­rée de noir, seule­ment pour­vue de trois chaises blanches ainsi que d’un lumi­naire de cou­leur claire, deux comé­diens s’avancent, cha­cun d’un côté, face au public. Puis, sur des pas de danse, ils jouent l’amour. Enfin, quand la musique s’arrête, ceux à qui tout sou­rit se livrent, sépa­ré­ment, à des confi­dences inter­ro­geant et même remet­tant en cause le sens de leur rela­tion.
Le couple com­prend son désar­roi au moment de la réa­li­sa­tion tar­dive de son pro­jet d’enfantement. Ce qui nous est relaté à tra­vers des say­nètes qui ini­tia­le­ment s’enchaînent, c’est la dia­lec­tique de l’amour qui conduit deux êtres qui se rap­prochent jusqu’à tout par­ta­ger à se sen­tir de plus en plus étran­gers l’un à l’autre.

La décou­verte et l’aveu de la trom­pe­rie sont revi­si­tés en expres­sions contem­po­raines. Le couple s’enlise pro­gres­si­ve­ment dans les méandres de l’impensable sépa­ra­tion. Des retours en arrière per­mettent de sai­sir com­ment de menus mal­en­ten­dus conduisent inexo­ra­ble­ment à l’abime. La mani­fes­ta­tion de la per­ni­cieuse inten­tion amou­reuse de vou­loir d’autant plus chan­ger l’autre qu’on l’aime.
L’intérêt de la repré­sen­ta­tion réside dans le brouillage pro­gres­sif intro­duit entre passé et pré­sent, entre réel et ima­gi­naire. Le bou­le­ver­se­ment de la rela­tion est repré­senté par le désordre des moments sai­sis par la pièce.

Tous ces élé­ments mettent en évi­dence les dif­fé­rents aspects de la vie amou­reuse, ses gran­deurs et ses lâche­tés dans les­quelles cha­cun trou­vera à se recon­naître. Un petit spec­tacle drôle, dyna­mique, accom­pli ; bref une réus­site en son genre.

chris­tophe giolito


Désordres

de Yamina Hadjaoui

mise en scène Swan Demarsan

mise en espace Audrey Eva­laum Marquis

Avec Oriane Blin et Boris Khalvadjian

Mise en espace et en corps Audrey Eva­laum Mar­quis ; cos­tumes Chou­chane Abello-Tcherpachian ; créa­tion lumières Gas­ton Duchez ; créa­tion sonore Damien Aubry.

A la Manu­fac­ture des Abbesses, 7, rue Véron, 75018 Paris Réser­va­tions 01 42 33 42 03

Du 27 août au 11 octobre 2020  Les jeudi, ven­dredi, samedi à 21h et dimanche à 17h

https://www.manufacturedesabbesses.com/theatre-paris/desordres/

Pro­duc­tion : CKI LES PRODS. Texte pré­senté en lec­ture à la SACD le 12 avril 2019.

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