Barbara Polla envisage et dévisage l’oeuvre de Paul Ardenne de manière inattendue et incisive. Celui qui est écrivain historien d’art, homme de la terre, motard, ventre et — ce qui est plus rare — homme oiseau est là à l’extrême de son écriture la plus personnelle et dont l’auteure offre de superbes exemples très souvent inédits.
Tout dans l’écriture cachée (plus ou moins) d’Ardenne offre de l’irraisonné en une sorte de déterritorialisation du et des sens comme chez les auteurs et artistes qu’il aime et défend le cas échéant.
L’œuvre d’Ardenne se place telle que Barbara Polla la présente dans l’entre-deux : de la chair et de l’esprit, de la terre et du ciel, de l’amour et de sa fuite. Le tout dans un espace temps intense que produisent autant les oeuvres d’art que les dragsters…
Et en des textes ovnis de l’essayiste se précisent bien des leçons de l’extrême que Paul Ardenne embrasse de ses voeux et de son écriture.
Le solitaire avance dans l’écriture non sans avoir préalablement fait l’expérience de diverses violences mais aussi d’amitié. Le livre de Barbara Polla reste à ce titre d’une richesse extrême car il permet d’entrer au coeur de la création d’une œuvre dont on commence seulement à comprendre ce qu’elle implique.
Et cet “essai” dégingandé (moins qu’il n’y paraît) n’y sera pas pour rien.
Dans cet ensemble — faussement hétéroclite -, l’auteure ouvre des pans ou plutôt des arcs entre le passé et le présent. Chaque chapitre recèle un grincement et une tension. Le paradis de l’écriture ne semble pas si loin que cela même si l’auteure ne dessine pas un monde idéal à la manière des utopies.
Mais il arrive qu’on envie celui dont Barbara Polla fait partager l’existence et le travail. C’est dire si l’éventail est large.
jean-paul gavard-perret
Barbara Polla, Paul-pris-dans-l’écriture, Préface de Bruno Walskop, illustration de Julien Serve, La Muette — Le Bord de l’eau, 2020, 128 p. - 20,00 €.