Les îles, les femmes et les plaisirs
Jean-Noël Schifano renoue d’une certaine manière avec l’excellence de ses Chroniques napolitaines à travers le portrait d’une femme fondé sur des faits réels et historiques des plus documentés. Depuis ces déjà anciennes histoires napolitaines il y 0a près de 35 ans jusqu’à Sous le soleil de Naples (2004) et avec ce nouvel ouvrage, l’auteur témoigne de sa passion pour une ville - dont il est nommé “l’écrivain” - et l’Italie.
Il est d’ailleurs le seul Français citoyen d’honneur de cette cité.
Mais il existe ici un grand voyage plus étendu. L’auteur parcourt l’Italie (et la Méditerranée) à travers Anna dont le narrateur est amoureux.
Cette femme est avant tout libre. Elle traverse apparemment tous les pièges et les tumultes de sa vie et de l’époque.
A partir de Naples, se découvre le monde translapin entre 1960 et 1970. Nous y retrouvons la « dolce vita » de la Rome d’Alberto Moravia, les attentats sanglants des néo-fascistes, les manœuvres des pouvoirs occultes. Mais par le statut même de l’héroïne, nous ne sommes jamais loin de L’Avventura d’Antonioni.
Anna Amorosi est l’épouse d’un riche comte, Roberto Clerici Venosa. Le couple est par beaucoup d’aspect atypique. Déclassée par rapport à son mari, l’héroïne rayonne par son intelligence et sa beauté sensuelle.
Schifano renoue avec les îles et les cités des femmes et des plaisirs, “de la Procida d’Elsa Morante à la Malte du Caravage”. Cette femme a bel et bien existé et fit scandale jusqu’à son assassinat dont l’auteur ménage les clés.
Existe en elle ce que Monica Vitti incarna sur une île italienne et sous le regard d’Antonioni. D’une certaine manière il donne — par procuration — à voir le monde par ses yeux.
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jean-paul gavard-perret
Jean-Noël Schifano, Anna Amorosi, Gallimard, collection Blanche, Paris, 2020, 128 p. — 12,50 €.