L’imaginaire de Didier Hamey est toujours en avance sur le réel. Le sculpteur et graveur sait donner une impression d’ensemble fascinante par le goût des détails et ce, dans un esprit festif et farcesque — mais la poésie est toujours là primesautière. Il est bon de folâtrer dans de telles oeuvres comme dans celles de Delvaux ou Ensor.
Digne héritier des surréalistes (belges surtout), l’artiste propose une ménagerie pas forcément exotique ou de verre mais décapante : elle est là moins pour gambader dans la campagne ou dans un magasin qu’avec la folle du logis.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le plaisir de boire mon petit café avec mes tartines de beurre, de retrouver ma compagne et mes enfants qui se lèvent et d’attendre le bel imprévu d’une journée.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils se sont réalisés au-delà de mes espoirs. Faire ce que j’aime et partager cette passion avec les autres.
A quoi avez-vous renoncé ?
A trop d’ambition.
D’où venez-vous ?
D’une famille populaire dunkerquoise et d’une enfance passée avec ma grand-mère à regarder ce qui se passait dans le jardin !
Qu’avez-vous reçu en “dot” ?
De la confiance de mes parents et du plaisir à travailler.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Aller aux champignons mais pas quotidiennement malheureusement.
Comment définiriez vous votre travail de gravure ?
De croire au petit monde que je grave.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
A 11 ans, un Poliakof qui avait été mis par un collectionneur passionné (futur créateur du LAAC le Musée d’Art Moderne de Dunkerque) dans le Musée de la Marine de Dunkerque où j’allais très souvent me promener.
Et votre première lecture ?
“Lettre à un jeune poète” de Rilke à l’adolescence et auparavant tous les livres sur les animaux que je connaissais par coeur.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Très éclectique, du baroque à de la musique qui groove et qui pulse !
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Gargantua” de Rabelais en vieux français et “l’Espace du Dedans” de Michaux.
Quel film vous fait pleurer ?
Je suis très “fleur bleue” et plutôt bon public. J’ai revu “Série noire” avec Dewaere dernièrement et…bouhhhh.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Oula, un vieux barbu plutôt débonnaire mais là tout va mieux, je me suis rasé ! Sinon j’évite.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je suis malheureusement encore maintenant timide et j’ai raté beaucoup de belles occasions de rencontres qui m’étaient proposées. Par contre, très fier d’avoir vaincu cette réserve avec Alain Jouffroy.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Dunkerque, tous les ans, quand je remonte pour faire carnaval.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Ensor et Miro et les poésies de Michaux
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une belle fête avec mes amis et amies
Que défendez-vous ?
L’empathie, la confiance en l’autre et une certaine modestie à l’égard de notre mère nature ??
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Donner du sourire, c’est une bien belle profession de foi pourtant.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Vrai et avec l’âge ça devient fondamental
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitterare.com, le 11 mai 2020.