Jacqueline Merville poursuit dans son oeuvre littéraire l’épopée d’un merveilleux où la femme est synonyme de la plus souhaitable des paix. Dans ce livre, la narratrice casse les incommunicabilités d’usage en nous emmenant sur les pas d’Alice Sandair : « qui franchissait la porte de la forêt. Ne rien écrire d’autre. Rester avec Alice Sandair assise dans une forêt de bambous sur les plateaux du Deccan.“
Et ce, avec quelques retours en arrière pour comprendre tout ce qu’engage ce voyage afin de se sentir intégralement dans un lieu où les femmes chamanes portes de robes blanches ou rouges.
Mais l’auteure devient à la fois la narratrice et le personnage dans une sorte d’infusion en ce temps élu dans “cette autre vie, sauvage, extrêmement lumineuse, entièrement vivante et si loin des terres où elle avait dû ensuite retourner et se taire. Elle a si peu de temps pour le faire”.
Avant que l’envie de le faire l’abandonne et qu’elle se dise que ça n’en vaut pas la peine (au nom d’une culture occidentale et au nom de l’amour pour un homme dont le charme complète celui de cette forêt des songes), l’auteure aura donc écrit ce voyage où — dans le lieu central de la forêt — les âmes se pèsent et où la sienne va connaître un prix qu’elle refuse de savoir, préférant filer vers une des portes, fumer une cigarette “et ne plus remettre les pieds au Samu des âmes”.
C’est pour Alice moins une fuite qu’une sécurité. “Ma joie est liée à la beauté des petites choses./ pour le divin c’est autre chose” écrit, dit-elle. D’autant que la sagesse qu’elle est venue cherchée en Inde elle l’a déjà trouvé - entre autres — en Suisse.
Pour autant, le voyage en valait la chandelle. Car — cerise sur le gâteau — elle a rencontré celui qui conjugue un prénom banal et un nom indien : James Ray.
Dans cette aventure indienne, selon un psychanalyse, “l’on ne pouvait que perdre des plumes” car il risquait d’enfoncer la téméraire dans un “out of order”.
Néanmoins, ce lieu fut tout sauf fatidique et l’imaginaire de la créatrice en devient magnifique.
jean-paul gavard-perret
Jacqueline Merville, Le Voyage d’Alice Sandair, Editions des femmes — Antoinette Fouque, 2020, 272 p. — 16,00 €. Parution le 19 mars.