A “poésie” — et contrairement aux sous– titrage des livres de la collection -, celui de Messagier est nommé “Sérénades”. Comme pour en soigner la musique.
Ici, en effet, la poésie se fait chant léger “à l’apparent” et au visible du “crépuscule du soir” comme écrivait Baudelaire mais aussi aux vieilles aubes. L’auteur y joue de déplacements sémantiques et syntaxiques : “La boucle du ceinturon de la gaufre / Triait dans les mémoires / Chemins sapientiaux allaitant les / Translations” dont le poète ne se prive pas afin que tout devienne conducteur de concrétions inattendues.
Dans son travail de rupture qui fit sa force, le poète poursuit ses dérives au sein de tout ce qui se délite mais qu’il retient dans les instants même lorsqu’ils sont mornes et rappellent à la réalité de la fin de vie du poète. Pour le malade, la réalité devient rude mais toujours dense.
Il est temps encore de retenir ou de se souvenir des “collines rougies d’érable (qui) arguent / d’une étonnante complexité métamorphique”.
Demeure une possible extension pour transfigurer les étourdissements que la fin de vie engage.“Tout en moi n’est qu’illusions excepté / la poésie objective pour partir” écrit Messagier au moment où la lumière est barrée par la nuit qui approche le rebelle.
Il sut si bien ouvrir la langue et il ose encore “des coups de fusil obsolète” afin de réveiller ce qui peut l’être dans la richesse des sensations d’ultimes images.
jean-paul gavard-perret
Matthieu Messagier, Dernières poésies immédiates, Flammarion, février 2020, 176 p. — 18,00 €.