Gilbert Bourson — soutenu par Jacques Cauda, directeur de la collection, enlumineur du livre et auteur de sa coda — ramène ceux qui ne seront que poussières à des moutons aux semences amènes à mère. Il existe pour l’auteur dans chaque femme de quoi le rendre matou. Non sa tête mais sa queue est tout mat. Et dans ces textes, chacune est mise en trope pour celui qui ne chipote pas sur l’âge des conquêtes et de leur conque.
La femme reste la géomètre de certaines asymptotes. Qu’importe si les lèvres se chiffonnent car c’est ainsi que l’amour se pratique ou se rêve. Agée ou non, qu’importe : jupe relevée, la salle pétrière devient la salle de jeu de la bonne démence.
Dès lors, la flûte enchantée ne connaît pas la clémence. Elle fait flèche des Vénus mille hauts qu’il s’agit de défaire. Chacun peut ainsi répondre à la question que Daniel Rops a oublié de poser : “Petite mort où est ta victoire” ?. Tout ici — en dépit de la maladie du temps et de la communication numérique — devient panthéisme et rappelle ce que Beckett apprit : l’homme et le pantalon restent l’essentiel. Surtout lorsque le second tombe sur les talons.
L’étalon ne mégote plus, il s’encorne là où il faut à toute heure et tout lieu. Les patientes s’impatientent jusqu’à des âges très avancés. Bourson le rappelle dans un langage luxuriant, sensuel mais en rien hystérique. Les croupes bergères en guipures foliolées rendent la vie bien rose.
C’est du Piaf et du De Kooning. Des trapèze et des looping. Au fond du bar, dans les dunes ou sur les trottoirs les filles en campagne rendent — par le blanc de leur cuisse et le rose thon de leurs joues — l’existence plus intense.
Il suffit de défaire certains lacets et d’entrer en textes-hures qui se couvrent de honte mais sans la moindre contrition.
jean-paul gavard-perret
Gilles Bourson, Etats et lieux d’éros, Z4 Editions, 2020, 160 p. — 14,00 €.