Parce que — en général — les histoires d’amour finissent mal, Gabrielle Jarzynki plutôt que d’en faire le ménage y revient tel un (bel) oiseau attaché à la patte des émotions.
Celle qui, dans un livre précédent, écrivait “je rêvais d’être une chienne attendant d’être assaillie par un mâle.” devient ici comme “la sans tête, un mannequin d’ampoules. Mon tronc est immergé dans la flotte. Mes pieds pataugent dans la mousse de ta semence. Je suis la sans tête et je ne me souviens plus très bien.»
Ecrit-elle pour se souvenir ? Pas sûr car sa mémoire est plus sûre qu’elle ne l’affirme. Une nouvelle fois, éros fait retour de flammes et sans laisser de cendres. L’intenable rentre à nouveau dans le jeu de l’amour même si elle sait qu’à l’impossible nul n’est tenu mais que les hommes ont vite fait de retirer leur marcel pour s’offrir des soirées à la Malcolm Lowry plus qu’à la Georges Pérec. La vie mode d’emploi reste une histoire de volcan quand le chemin du Paradis se pave de mauvaises intentions.
Il faut en effet que les corps exultent, que ce soit ceux de dockers ivres ou de coryphées en tutu. Tous ces maudits et maudites de leur premier amour ne se souviennent plus de tout. Gabrielle Jarzynski, pour sa part, a peut-être gardé longtemps la photo du sien dans son sac à main puis fut déchirée un jour de blues et connut le caniveau.
Mais l’hirondelle, pour l’honorer (lui ou un autre d’ailleurs), s’habille d’un doigt de Chanel (ou d’une autre Coco). Mais il ne faut pas lui demander plus que ce qu’elle donne. Elle dit déjà beaucoup. Et bien des hommes se seraient contentés de moins — ils sont si vite fatigués…
jean-paul gavard-perret
Gabrielle Jarzynski, La Sans Tête, Editions Medium Rare, Rodez, 2019, avec 15 dessins originaux de Pat Andrea gravés sur bois.