Frédéric & Julien Maffre, Stern – t.03 : « L’Ouest, le vrai »

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Une figure singulière du western

C’est à la veille de Noël, en 1882, dans la salle de classe de la petite cité de Morrison, au Kansas, que l’on retrouve Elijah Stern. Le conseil municipal est réuni et doit statuer, entre autres, sur le renouvellement de son contrat de croque-mort, activité qu’il exerce depuis trois ans. Le maire se fait attendre. La réunion est interrompue car ce dernier est dans la rue principale pour venger son honneur dans un duel, s’estimant offensé par l’attitude d’un inconnu envers son épouse. Or son adversaire n’est autre que Colorado Cobb, un fameux duelliste. Troublé le maire dégaine et se tire une balle dans le pied.
Cobb a été invité par Milton qui tient le supermarché du village. Il vient vendre et dédicacer les « Colorado Cobb Stories« , des romans censés relater ses aventures. Toute la population est réunie dans la salle de classe pour la soirée de Noël. Alors que la fête bat son plein, que Colorado monopolise l’attention avec ses anecdotes, un homme surgit, armé d’un fusil en criant : « Je te tiens« . Il s’ensuit une bagarre et une fusillade. C’est le lendemain, quand une équipe de volontaires est réunie par le shérif pour retrouver Cobb qui a disparu, qu’un groupe mené par un inconnu prend les habitants en otages. Pour montrer qu’ils ne plaisantent pas l’un d’eux abat, de sang-froid, le shérif…

Ce nouveau tome, après la résolution d’un meurtre (Le Croque-mort, le clochard et l’assassin), une succession de mésaventures musclées à Kansas City (La Cité des sauvages), recentre le récit dans un cadre plus Far-West avec le thème de la justice personnelle. L’ambiance est à l’image que l’on peut imaginer à partir des quelques photographies de l’époque dans cette région en devenir avec des petits bourgs peuplés de rustres et d’individus qui souhaitent instaurer une vie sociale un tant soit peu civilisée.
Si l’on peut noter une certaine tendance au retour du western, des récits ayant pour cadre cet Ouest américain en peuplement, les approches scénaristiques sont si différentes qu’elles peuvent satisfaire tous les goûts. Ainsi, à quelques mois d’intervalle, Les Éditions Dargaud proposaient deux récits axés sur les croque-morts : Undertaker en janvier 2015 et Stern en août de la même année. Mais, si les héros exercent la même activité, ils sont à l’opposé l’un de l’autre tant dans les caractères, le physique que dans les lieux où ils sévissent.

Frédéric Maffre retient un individu éloigné du baroudeur. Il est fluet, ne porte pas d’arme et s’adonne sans retenue à son vice favori, la lecture. C’est d’ailleurs cette addiction qui l’entraîne à Kansas City, qui lui fait venir en aide à Cobb dans le présent album. Il est cultivé et se tient à l’écart ce qui ne l’aide pas toujours dans ses rapports avec ses contemporains.
L’intrigue est menée avec brio, elle est rythmée et donne à voir ce qui pouvait composer une bourgade isolée. Les dialogues sont pétillants, pleins d’humour. La conclusion de cet album peut, s’il y a une suite, amener un axe nouveau de narration.

Julien Maffre assure le dessin et cinq coloristes se relaient pour la mise en couleurs. Un trait incisif, une mise en images dynamique, des scènes d’action toniques animent à souhait le scénario. Les décors restent minimalistes pour laisser toute la place aux personnages et à leurs gestuelles. Avec L’Ouest, le vrai, les frères Maffre signent un album très attractif, bien différent de la vision hollywoodienne pour les personnages même si ceux-ci s’inscrivent dans le cadre habituel du western.

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serge perraud

Frédéric Maffre (scénario), Julien Maffre (dessin), Julien Maffre, Laure Durandelle, Lucie Durandelle, Étienne Oburie et Bastien Lavaud (couleur), Stern – t.03 : L’Ouest, le vrai, Dargaud, janvier 2019, 72 p. – 14, 99 €.

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