Rodolphe & Christophe Dubois, TER — t.03 : “L’imposteur”

Un space opera humaniste 

Dans l’espace tout est pos­sible. Rodolphe ima­gine un immense vais­seau habité à la fois à l’extérieur et à l’intérieur. Sur la gigan­tesque car­lingue, il met en scène une com­mu­nauté de type rural proche d’une société moyen­âgeuse. Au-dedans, les humains sont res­tés dans une société tech­ni­que­ment très avan­cée. Mais, dans les deux cas, ces com­mu­nau­tés ont déve­loppé des reli­gions. Dans la pre­mière ont vu le jour les moines-soldats du Haut-Mesnil menés par le Bour­don et les archères com­man­dées par Beth la grande prê­tresse du Col­lège fémi­nin du Haut-Mesnil. Dans la seconde, ces Inté­graux veulent se rendre maître de la tota­lité de Jupi­ter.
Le scé­na­riste fait une des­crip­tion très proche de ce qui se pra­tique encore aujourd’hui avec ces croyances d’un autre âge, où les femmes sont rabais­sées au rang de simples femelles qui vivent enfer­mées et qui sont juste bonnes à pro­créer ou à mou­rir en déclen­chant des cein­tures d’explosifs.

C’est en fouillant le sol à la recherche d’artefacts anciens qu’un homme découvre celui que la com­mu­nauté va appe­ler Man­dor. Il est cou­ché dans une tombe, encore vivant. Il s’intègre vite. Il a des flashs, des visions et amène la popu­la­tion vers l’intérieur de la pla­nète. Les habi­tants découvrent des indi­vi­dus et l’intérieur… d’un vais­seau spa­tial. Mais, dès leur arri­vée, ils sont vic­times d’attaques de la part de fana­tiques et nombre de per­sonnes sont tuées, cap­tu­rées et embar­quées.
Un petit groupe autour de Man­dor est pris en charge par des sol­dats qui les emmènent vers le com­man­dant. En route, on leur explique que la com­mu­nauté s’est divi­sée en deux clans, celui dont ils font par­tie qui reste fixé sur la mis­sion ini­tiale et celui d’individus ayant déve­loppé une nou­velle croyance qu’ils appellent La Tra­jec­toire de dieu, vou­lant lais­ser le vais­seau déri­ver selon la volonté divine. Ils se nomment les Inté­graux et n’ont qu’un objec­tif : conver­tir ou tuer.
Man­dor découvre alors sa véri­table per­son­na­lité. Mais celle-ci est-elle com­pa­tible avec l’avenir du vais­seau et avec les liens ami­caux et sen­ti­men­taux qu’il a tissés ?

L’intrigue, réso­lu­ment tour­née vers la science-fiction, est variée et réserve nombre de sur­prises, de péri­pé­tie et de rebon­dis­se­ments. L’action ryth­mée est menée avec dili­gence dans diverses direc­tions toutes plus pas­sion­nantes les unes que les autres. Ce pre­mier cycle se clôt sur une ouver­ture vers une seconde période qui pro­met, au vu de la chute de ce troi­sième tome et du cahier gra­phique inté­gré en fin de l’album, d’être bien aussi attrac­tive que celui-ci.
Le des­sin de Chris­tophe Dubois est réa­liste et de belle fac­ture. La repré­sen­ta­tion des per­son­nages est stable du début à la fin per­met­tant d’identifier faci­le­ment les nom­breux inter­lo­cu­teurs. Les sen­ti­ments, les émo­tions trans­pa­raissent avec natu­rel. Les scènes d’action, de com­bats sont par­ti­cu­liè­re­ment dyna­miques et les vignettes pré­sen­tant l’espace, le vais­seau dans ses dif­fé­rentes com­po­santes rendent bien le contexte et forment un décor superbe.

TER se révèle une belle série avec un pre­mier cycle qui fait attendre la suite, en 2020, avec beau­coup d’intérêt.

serge per­raud

Rodolphe (scé­na­rio) & Chris­tophe Dubois (des­sin et cou­leur), TER – t.03 : l’imposteur, Édi­tions Daniel Maghen, février 2019, 72 p. – 16,00 €.

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