Dans l’espace tout est possible. Rodolphe imagine un immense vaisseau habité à la fois à l’extérieur et à l’intérieur. Sur la gigantesque carlingue, il met en scène une communauté de type rural proche d’une société moyenâgeuse. Au-dedans, les humains sont restés dans une société techniquement très avancée. Mais, dans les deux cas, ces communautés ont développé des religions. Dans la première ont vu le jour les moines-soldats du Haut-Mesnil menés par le Bourdon et les archères commandées par Beth la grande prêtresse du Collège féminin du Haut-Mesnil. Dans la seconde, ces Intégraux veulent se rendre maître de la totalité de Jupiter.
Le scénariste fait une description très proche de ce qui se pratique encore aujourd’hui avec ces croyances d’un autre âge, où les femmes sont rabaissées au rang de simples femelles qui vivent enfermées et qui sont juste bonnes à procréer ou à mourir en déclenchant des ceintures d’explosifs.
C’est en fouillant le sol à la recherche d’artefacts anciens qu’un homme découvre celui que la communauté va appeler Mandor. Il est couché dans une tombe, encore vivant. Il s’intègre vite. Il a des flashs, des visions et amène la population vers l’intérieur de la planète. Les habitants découvrent des individus et l’intérieur… d’un vaisseau spatial. Mais, dès leur arrivée, ils sont victimes d’attaques de la part de fanatiques et nombre de personnes sont tuées, capturées et embarquées.
Un petit groupe autour de Mandor est pris en charge par des soldats qui les emmènent vers le commandant. En route, on leur explique que la communauté s’est divisée en deux clans, celui dont ils font partie qui reste fixé sur la mission initiale et celui d’individus ayant développé une nouvelle croyance qu’ils appellent La Trajectoire de dieu, voulant laisser le vaisseau dériver selon la volonté divine. Ils se nomment les Intégraux et n’ont qu’un objectif : convertir ou tuer.
Mandor découvre alors sa véritable personnalité. Mais celle-ci est-elle compatible avec l’avenir du vaisseau et avec les liens amicaux et sentimentaux qu’il a tissés ?
L’intrigue, résolument tournée vers la science-fiction, est variée et réserve nombre de surprises, de péripétie et de rebondissements. L’action rythmée est menée avec diligence dans diverses directions toutes plus passionnantes les unes que les autres. Ce premier cycle se clôt sur une ouverture vers une seconde période qui promet, au vu de la chute de ce troisième tome et du cahier graphique intégré en fin de l’album, d’être bien aussi attractive que celui-ci.
Le dessin de Christophe Dubois est réaliste et de belle facture. La représentation des personnages est stable du début à la fin permettant d’identifier facilement les nombreux interlocuteurs. Les sentiments, les émotions transparaissent avec naturel. Les scènes d’action, de combats sont particulièrement dynamiques et les vignettes présentant l’espace, le vaisseau dans ses différentes composantes rendent bien le contexte et forment un décor superbe.
TER se révèle une belle série avec un premier cycle qui fait attendre la suite, en 2020, avec beaucoup d’intérêt.
serge perraud
Rodolphe (scénario) & Christophe Dubois (dessin et couleur), TER – t.03 : l’imposteur, Éditions Daniel Maghen, février 2019, 72 p. – 16,00 €.