Lucie Pierrat-Pajot, Les Mystères de Larispem (3 tomes)

Les aven­tures d’un trio d’adolescents dans un Paris rétro­fu­tu­riste aux mul­tiples facettes

Cette tri­lo­gie incroyable se déroule prin­ci­pa­le­ment dans un monde rétro­fu­tu­riste, à la veille du ving­tième siècle. Paris a été renom­mée Laris­pem , elle est deve­nue une cité Etat encla­vée au milieu de la France, et tota­le­ment indé­pen­dante grâce à ses mer­veilles tech­no­lo­giques. Une révo­lu­tion a mis fin aux pri­vi­lèges des nobles, et la Com­mune a gagné. Les pri­vi­lèges ont pris fin, même si quelques castes, dont celle des bou­chers (les Lou­ché­bems), sont très puis­santes.
D’ailleurs l’auteure s’est ins­pi­rée du véri­table jar­gon des bou­chers pour ali­men­ter son roman en expres­sions variées, qui, décon­cer­tantes au début, deviennent par­tie inté­grante des dia­logues au fil de la lecture.

“Sans pré­ve­nir, Car­mine lança son pre­mier (…). Le cou­teau cloua la capuche au mur, expo­sant en pleine lumière le visage d’un homme jeune, aux traits fins, à la barbe et aux che­veux blonds (…). L’homme gri­maça en dégra­fant sa cape et fit tom­ber le livre pous­sié­reux qu’il ser­rait contre lui. Il se pen­cha pour le ramas­ser mais Car­mine fut plus vive et déco­cha un coup de pied dans l’objet, l’envoyant val­ser au fond de la pièce. Dans le même mou­ve­ment, elle allon­gea son bras armé en direc­tion des côtes de l’homme qui poussa un cri de dou­leur. Tou­ché. (…) La main ser­rée contre sa bles­sure, l’homme blond tourna la tête vers la fenêtre, puis vers le livre qui gisait dans la pous­sière der­rière Car­mine, et il com­prit qu’il n’avait plus le temps de le récu­pé­rer. Il fit un mou­ve­ment vif. A la lumière du Luxo­ma­ton, Liberté eut le temps de voir deux petites sphères de verre appa­raître dans ses mains (…) elles se bri­sèrent avec un bruit cris­tal­lin. Une épaisse fumée blanche s’en éleva dans l’instant (…), l’homme aux che­veux blonds n’était plus là. …”

Le pre­mier tome peut se mon­trer sur­pre­nant, car il faut un peu de temps au lec­teur pour s’habituer à ce Paris, et à cette France paral­lèle qui montrent des points com­muns avec notre his­toire, mais qui ont évo­lué dif­fé­rem­ment. Laris­pem est diri­gée par des citoyens et prône le déve­lop­pe­ment des sciences, la tech­no­lo­gie y est véné­rée, Jules Verne est un héros, et ses inven­tions sont deve­nues réelles. Le tra­vail est la valeur essen­tielle de cette nou­velle société qui prône le pro­grès pour tous.
Pour­tant, tout n’y est pas rose, des orphe­lins attendent une foire pour y trou­ver un métier et un patron, la pau­vreté y existe tou­jours, et les anciens nobles dont le slo­gan est “le sang, jamais n’oublie” semblent avoir déve­loppé d’étranges pou­voirs, qu’ils veulent mettre en œuvre en secret pour retrou­ver leurs privilèges

Trois jeunes héros, tous dis­sem­blables et atta­chants, se retrouvent dés le départ au centre d’un immense com­plot, qui va chan­ger leur vie à jamais. Tout d’abord deux ado­les­centes au carac­tère opposé essaient d’améliorer leur quo­ti­dien en jouant les cam­brio­leuses la nuit. Un cam­brio­lage raté les amè­nera à ren­con­trer un jeune orphe­lin, qui dévoi­lera des res­sources insoup­çon­nées au fil du temps.
L’amitié qui les noue tous les trois sera mise à mal, cha­cun va aussi connaître les pre­miers émois amou­reux. Leur quête de vérité dévoi­lera cer­tains pou­voirs très utiles mais dan­ge­reux. Ils ren­con­tre­ront des per­son­nages comme la Pré­si­dente, un ensei­gnant au passé trouble, des bou­chers aux res­sources incroyables, une aris­to­crate effrayante, per­son­nages, qui n’auront plus rien de secon­daire dans les tomes deux et trois.

L’ima­gi­na­tion fer­tile de Lucie Pier­rat– Pajot séduira très vite les plus réti­cents envers l’Histoire avec un H. Elle sait en effet revi­si­ter la France de la fin du 19ème siècle, en s’appuyant sur des faits réels (la Com­mune, l’aube du 20ème siècle et ses conflits à venir…). Elle ajoute une dose de fémi­nisme à une intrigue effi­cace et pal­pi­tante.
Ce n’est pas pour rien qu’elle a gagné le 2ème concours du roman jeu­nesse orga­nisé par les édi­tions Gal­li­mard, et, avec son talent indé­niable, il lui reste à pour­suivre ainsi dans les années à venir.

franck bous­sard

Lucie Pierrat-Pajot, Les Mys­tères de Laris­pem
– T. 1 : “Le sang, jamais n’oublie”, 320 p.,
– T. 2 : “Les jeux du siècle”, 324 p.,
T. 3 : “L’élixir ultime”, 360 p. ,
Gal­li­mard Jeu­nesse. A par­tir de 13 ans, 2018 — 18,00 €.

Tome 1 éga­le­ment dis­po­nible en for­mat poche.

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