La révolte ( Auguste de Villiers de l’Isle-Adam / Charles Tordjman)

De la sou­mis­sion sans domination

Le rideau s’ouvre sur une scène banale ; on découvre un couple dans une pose figée, un couple dont les mou­ve­ments se limitent dans un pre­mier temps aux bor­dures de ce cadre sus­pendu sur le pla­teau, cadre qui struc­ture la nature de leurs échanges. Lui debout, elle assise, à la lueur d’une lampe à pétrole, cha­cun accom­plit l’office qui consti­tue son lot et son dû ; comme s’ils payaient un tri­but. À l’issue d’un dia­logue qui exprime une col­la­bo­ra­tion com­mer­ciale effi­cace entre époux, se pro­duit un évé­ne­ment.
Pour la pre­mière fois, les comptes faits, elle s’adresse à son mari, s’oppose à lui, son men­tor, son maître. Il faut lui répé­ter plu­sieurs fois, lui mon­trer qu’il ne s’agit pas de simu­la­tion ni d’indisposition. C’est l’occasion d’une pro­fes­sion de foi en faveur de la rêve­rie, de la parole et de ses valeurs. Deux mondes se dressent ici leur front. Celui de l’ordre et des chiffres, celui des pen­sées et de la vie.

Après lui avoir mon­tré sa supé­rio­rité sur le ter­rain des affaires, une femme pré­sente à son époux ses pro­fondes aspi­ra­tions, celles qui la conduisent à aban­don­ner son ban­quier de conjoint à sa médio­crité. Il s’agit d’un pari fou, celui de l’indépendance, de l’évasion, de l’aspiration à être soi-même une fois tou­jours. Un beau couple d’acteurs incarne à mer­veille ce drame de l’impuissance, de la sou­mis­sion sans domi­na­tion.
Julie-Marie Par­men­tier et Oli­vier Cru­veiller déploient un jeu sobre, affûté, posé et puis­sant. Le texte de Vil­liers de l’Isle-Adam est bien mis en valeur : la scène montre que la vie se dit dans ses inter­stices qui prennent la forme d’atermoiements indé­fi­nis. Le pro­pos est contenu, serti, édifiant.

chris­tophe gio­lito & manon pouliot


La révolte

De Auguste de Vil­liers de l’Isle-Adam

Mise en scène Charles Tordjman

Avec Julie-Marie Par­men­tier et Oli­vier Cruveiller

Scé­no­gra­phie Vincent Tord­j­man ; créa­tion lumières Chris­tian Pinaud ; cos­tumes Cida­lia Da Costa ; créa­tion musique Vic­net ; maquillage et coif­fure Cécile Kretsh­mar ; col­la­bo­ra­tion artis­tique Pau­line Masson.

 

Au théâtre de Poche-Montparnasse, 75 bd du Mont­par­nasse, 75006 Paris

A par­tir du 17 mars 2018 — Du mardi au samedi 21h, dimanche 15h

Tel : 01 45 44 50 21 — Tous les jours de 14h à 18h durée 1h05

http://www.theatredepoche-montparnasse.com/project/la-revolte

Copro­duc­tion Théâtre de Poche-Montparnasse et Com­pa­gnie Fabbrica

En par­te­na­riat avec Les Inro­ckup­tibles A Nous Paris Télé­rama et Paris Première

Le texte est édité dans la Col­lec­tion des quatre-vents / L’avant-scène théâtre

Pho­to­graphe Pas­cal Victor

Leave a Comment

Filed under Théâtre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>