Près d’un nuage d’astéroïdes, le commodore Iliatov s’inquiète de la situation et de la progression de l’équipe d’intervention partie dans une navette d’exploration. Ce groupe d’extraction, mené par la chef de groupe Milla Aygon, est composé uniquement de cadets. Ceux-ci, qui abordent une nef abandonnée, découvrent qu’ils ont été précédés tout récemment. Dans le même temps, le navire amiral est attaqué par les Écumeurs. Dans la nef, si des caissons d’hibernation sont ouverts, d’autres pillés, il reste des signaux vitaux en sommeil.
Clarence, en tenue de trappeur, arrive au bateau sur lequel il vit avec sa famille dans une zone tropicale. Il vient chercher son épouse et ses deux enfants car il est suivi par des autochtones malveillants. Son épouse est absente et Architecte, l’IA ne répond plus. Il ne peut qu’activer une procédure d’urgence. Il s’efface alors pour émerger… près du groupe de cadets. Milla, décide de l’emmener contre l’avis de Bélinda, le médecin. Ils sont alors pris à partie par des Écumeurs, ceux qui les avaient précédés. Ils réussissent à rejoindre leur navette et à faire le saut permettant d’atteindre le point des coordonnées d’urgence. Quand ils émergent, c’est l’inconnu et la propulsion est endommagée…
Si Denis-Pierre Filippi a déjà exploré l’univers, il aborde pour la première fois le space opera. Fidèle à sa façon de travailler, il prend un angle d’attaque inattendu, novateur en imaginant la récupération de terriens partis trop tôt dans des missions d’exploration. Dans ce premier épisode, qui donne la conclusion d’une partie de l’intrigue, le scénariste plante le décor, définit le cadre de son récit et structure sa galerie de personnages, un groupe de cadets en formation pour devenir des agents de l’Agence. Cette structure a pour mission de voler au secours d’astronomes perdus dans le cosmos.
Il met en travers de leur route des extrémistes qui entendent faire évoluer différemment le rapprochement entre extraterrestres et humains. Denis-Pierre Filippi part d’un constat bien simple. Dès qu’un rapprochement, une tentative de vivre en bonne harmonie tente de se mettre en place, des opposants mettent en avant des motifs, des raisons plus ou moins acceptables pour ne pas adhérer à cette évolution. Et les exemples sont légion dans l’histoire ancienne comme récente des peuples de la Terre. Il évite, avec adresse, le manichéisme si habituel dans ce type de récit avec les bons humains et les méchants aliens.
Le dessin de Vincenzo Cuzza est attractif. Il réalise des vues de l’espace, des villes futuristes, des décors de nefs et autres vaisseaux d’une belle facture. Les personnages ont des attitudes dynamiques, tout à fait en concordance avec le rôle qui leur est dévolu. Il leur donne une expressivité, fait ressentir les émotions les plus fréquentes de l’être humain avec brio. Ce dessin est mis en valeur par une colorisation forte signée de Fabio Marinacci qui donne les tons adéquats de l’espace, les reflets des astres et autres étoiles sur les individus et les matériels.
Le premier tome de Colonisation est particulièrement réussi pour la remarquable mise en images d’une intrigue de premier ordre. Le second tome est annoncé pour avril 2018 et le troisième pour janvier 2019. À suivre avec délectation !
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serge perraud
Denis-Pierre Filippi (scénario), Vincenzo Cucca (dessin) & Fabio Marinacci (couleur), Colonisation – t.1 : Les Naufragés de l’espace, Glénat coll. “Grafica”, janvier 2018, 48 p. – 13,90 €.