Les peintures d’Anne Sophie Tschiegg balancent entre éther vague et chair du monde. La figuration vient moins du dehors que du dedans. L’artiste se transforme non en visitandine mais en chercheuse d’une ouverture secrète, d’un passage étranger dans la maison de l’être ou du monde. Personne n’est à l’extérieur de lui mais l’espace n’est pas forcément en lui.
Il existe des « scènes » où les hommes font défaut. D’autres où l’urgence pour la créatrice est d’indiquer un rythme, de marquer un tempo en ce qui se rapproche d’un graphisme autophage. Il existe même des incarnations allègres, d’autres brutes.
L’artiste peut être prise parfois pour une chirurgienne d’une certaine manière implacable mais tout autant soucieuse de délivrer une beauté. Si des jambes se dérobent, elles ne tombent que vers le ciel. Il existe peut-être ici ou là des mères supérieures, des groseilles plus que des maquereaux. Mais rien n’est sanglé sur ordonnance. Un carnaval a lieu là où la peinture accélère le passé pour retarder l’avenir.
L’artiste pare des coups et en donne. Elle coud et découd, larde et lézarde en une grâce volontairement aigre. Celle d’une chipie qui traite le réel par des aphorismes picturaux pour le dégager de ses décombres mais loin de tout luxe domestique. C’est ce que Beckett nommait parlant d’un autre peintre “le jargon de l’authenticité”.
jean-paul gavard-perret
Anne Sophie Tschiegg, Tschiegg — Recueil de peintures, Littérature Mineure, Rouen, 2017 — 23,00 €.
Bonjour comment obtenir ce recueil merci Alain
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