Réouverture de la Galerie Agathe Gaillard
Pour sa réouverture, la Galerie Agathe Gaillard choisit comme sujet “Hommage à la Beauté”, en résonance à l’exposition présentée pour son 20ème anniversaire en 1995. Le thème cher à l’identité du lieu est mis à l’honneur à travers les nouveaux venus. Créée en 1975, la galerie Agathe Gaillard est une référence. Elle a même été la première galerie de photos de France. Derrière sa façade rouge, elle proposa aux plus grands photographes du monde, il y a 20 ans, la question “Qu’est-ce qui est beau ?” Henri Cartier-Bresson, André Kertész, Hervé Guibert, Edouard Boubat, Ralph Gibson, Manuel Álvarez Bravo, Larry Clark, Gisèle Freund, Mary Ellen Mark, etc. ont répondu par une image qui incarnait le mieux, dans leur travail, le thème de la beauté.
Ils sont remplacés aujourd’hui par Erica Lennard, Marie-Paule Nègre, Elizabeth Prouvost, Thierry Girard (entre autres). Ils prouvent combien le thème n’a pas perdu ses droits de regard. Elizabeth Prouvost par exemple ne cesse de se concentrer sur le corps humain en mouvement, corps toujours à nu à la recherche d’un paradis ou enfer qu’importe et ce, entre Madame Edwarda de Georges Bataille, Marie-Madeleine de la Bible, les sculptures de Rodin ou les infernales de Jacques Cauda.
De tels photographes déclinent l’apologie du chaos selon diverses lignes majeures et en s’emparant au besoin de lieux ou modèles qui ne sont pas forcément et a priori photogéniques. Chaque photographe répond à la question posée parfois dans la destruction narrative du sublime sans pour autant que la laideur ne prenne place. Les images exaltent de fabuleux reliefs physiques tourmentés pour qu’ils dépassent en beauté l’entendement immédiat. L’évidence lumineuse peut tenir d’un lieu, d’une situation où le corps est exalté. Il déplace l’effet d’habitude et l’illusion subie par une illusion exhibée ou déconstruite.
Des œuvres naît ce qui les éclaire et délie. Nous tombons du réel tout en restant dedans. Les nouveaux artistes deviennent des géomètres particuliers. Ils se dégagent des arrêtes polies, lisses, achevées et des axiomes purs afin que l’image soit autre chose que l’indice de la possession carnassière des apparences, ou que la mimesis dans laquelle se fourvoie le prétendu “réalisme”. Souvenons-nous de Beckett : “Qu’ils ne viennent plus nous emmerder avec ces histoires d’objectivité et de choses vues”.
jean-paul gavard-perret
Hommage à la beauté, exposition Collective, galerie Agathe Gaillard, , 3, rue du Pont-Louis-Philippe ( Paris 75004),22 septembre — 18 novembre 2017.
N’en déplaise aux mous de la fesse, euh, pardon, aux fous de la messe, et aux gens de la mosquée, et d’une manière général à tous ceux qui crient au scandale dès qu’on voit un corps tel que la nature l’a fait, un corps humain, c’est beau.
Et pour y voir de l’indécence, ou n’y voir que quelque chose de sexuel, il faut être un tant soit peu tordu.