Il reste dans ce texte bien plus qu’un bon quart de lucidité à son auteur. Maltaverne y fait la preuve de ses intempérances poétiques publiées d’abord dans divers revues (“La belle-mère dure”, “Microbe”, “La Feuillue hivernale”, “La Tribune du Jelly Rodger” entre autres). Datés de 10 ans, ces textes conservent toutes leurs puissances de feu.
L’auteur fait danser des « pisseuses » au « cercle rouge au milieu de leur chouette nombril » un houla-houp enfiévré. Manière d’oublier les aléa jacta est des jactances politiciennes. Plus loin — derrière les stations Total où s’offrent des œufs de Pâques - se cachent les élevages des volatiles dont l’ubiquité surplombe les pompes à plaisirs d’essence.
Maltaverne cultive ses décalages « poétriques » pour susciter l’autonomie mystérieuse de nos réactions. La vacuité du monde s’inscrit en des suites de spectacles. Ils révèlent la force d’un risque et réinterprètent une réalité en régression à l’aune d’une raison déréglée. La dynamique de l’écriture hors de ses gonds mobilise un absolu parfaitement chimérique.
Quant à la force des mots, elle chevauche des frontières bien arrêtées et sauve de la dérive en inventant un off-scène pour piéger les numéros des politiques et autres bateleurs au degré zéro de magnétisme.
jean-paul gavard-perret
Patrice Maltaverne, Débile aux trois quarts, Editions Gros Textes, Fontfourane, 2017, 20 p. — 19,00 €.