Julien Blaine, Partitions

Merin­gué

En vou­lant renou­ve­ler dans la voie du let­trisme et de Ber­nard Heid­sieck, le poème « musi­cal », Julien Blaine l’appauvrit selon de vieux pro­cé­dés déjà antiques chez ceux qui l’ont pré­cédé. Le recy­clage pro­posé dans la décharge  pré­tend assu­mer de refu­ser la « pul­sion de mort théo­cra­tique ». Cela n’est qu’une pos­ture qui for­cé­ment coule dans l’imposture. La poé­tique concep­tuelle, sous effet de trans­gres­sion, plonge dans l’infantile plus que dans l’élément terre. Bref,  l’auteur joue sous le préau du genre d’un cha­pe­let d’effets faciles.
Jamais le sur-lignage ne rem­place l’interrogation et la farce — du moins telle que Blaine la fourre – ne met en demeure du lan­gage. Le pré­tendu « scé­na­rio pour un corps » reste de l’ordre du pur gad­get. Tout repose sur les res­sorts usés d’un som­mier fait de gra­phismes aux tor­sades épui­sées. Ces dis­po­si­tifs jouent le rôle de pur décor. N’est pas Apol­li­naire, Jarry, Pierre Gar­nier qui veut. Et le dadaïsme est ici comme cer­taines concierges, « dans l’escalier » au moment où l’auteur feint d’entrer dans leur loge.

La pré­ten­tion suit son cours. Les jeux de mots res­tent les plai­san­te­ries de bûche­ron : de der­rière les fagots. Il est un âge où faire le pitre revient fata­le­ment à deve­nir clown triste et sire de même encaus­tique. L’acupuncture couple/copule exhibe en lieu et place de péné­tra­tion une verge sty­lis­tique molle, secouée sur la vulve des pages sans que rien n’en germe.
La poé­sie n’est même plus un mariage blanc mais un entracte « blan­cal » pour soma­ti­ser les images jusqu’à leur point de non-retour. Les textes se veulent au dis­cours ce que du Schoen­berg ou du Kraft­werk fut à la musique. Mais ici rien ne sort des tuyaux.

Julien Blaine, depuis le temps, devrait savoir qu’eu égard à l’âge entraî­ner la poé­sie telle une femme sur le siège arrière d’une auto afin d’y faire l’amour, cela mène de l’apostrophe à la ruine. C’est sur d’autres plages que la poé­sie monte la vie en jus sper­mique. Ici la neige des « œufs qui se veulent neufs » fait une meringue fadasse faite pour sucrer les fraises en une hiber­na­tion totale. Morne Blaine donc.

jean-paul gavard-perret

Julien Blaine,  Par­ti­tions, Manuella Edi­tions, 2017, 176 p. - 25,00 €.

Leave a Comment

Filed under On jette !, Poésie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>