Antoine Emaz, Limite

A suivre

Entre hier et demain, le « pré­sen­tiel » (Deleuze) d’Emaz s’apparente sou­vent à un vide.   repré­sente donc une inter­ro­ga­tion. Elle annonce la fin ou l’enfin. Avant ce vide reste néan­moins le lieu où les hommes vaquent dans la perte de repères d’un cos­mos où ils sont une par­ti­cule.
Tout texte à cet aune reste une vanité mais néan­moins, sinon une arme, du moins un signe de pas­sage. Emaz sait que celui-ci n’a rien de consé­quent mais il n’empêche pas au dis­cours de se pour­suivre (au contraire) puisque c’est là tout ce qui reste : « le cœur cogne/on tient à quel fil » sinon celui que l’écriture tire encore un peu.

Minima­liste à sou­hait comme tou­jours chez Emaz, le texte ratisse ce qui peut l’être mais qui au fil du temps n’a rien de relui­sant – ce « ce » l’a-t-il été un jour pour le poète ? Néan­moins, la langue tient au milieu des nau­frages. Ce qui n’empêche pas à l’existence d’offrir au-delà des peines quelques satis­fac­tions. Qu’elles soient éva­nes­centes n’y change rien.
Comme le disait un per­son­nage du Fin de Par­tie de Beckett « Quelque chose suit son cours ». Emaz s’y accroche au milieu des cailloux, des sables, des restes. Ils font le sel de la terre, sa richesse aussi puisqu’à la fin c’est tout ce qui reste quand il est encore pos­sible “d’écrire toujours/même court même si/le sou­rire doute”.

jean-paul gavard-perret

Antoine Emaz, Limite, Tara­buste, 2016, 174 p. — 15,00 €.

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