Elizabeth Prouvost dans ses photographies nocturnes pêche dans les étangs noirs et sombres des cercles de l’Enfer et du Paradis du corps tout ce qui non seulement le, mais nous traverse. Surgit une force humide, profonde, pénétrant jusqu’aux os.
S’éprouve presque une odeur de musc et de vase plus que de souffre. Surgissant de lumières enfouies, le corps se dilate. Les gestes de jeunes femmes sont saisis sur leurs soies et de mystérieuses présences. Ces « cadavres exquis » sont le signe d’une ivresse sans dieu.
Un soleil paradoxal et noir creuse parfois les ventres. Des bruits semblent claquer dans un flot qui brise la mort et la punition en ruissellements. Existent ça et là des carpes étranges qui se lovent comme des serpents. Avec délicatesse et tendresse, Elizabeth Prouvost tire la brute hors des eaux. Elle couche le halètement sur des berges fiévreuses de brumes.
Demeure l’étrange hypnose des désirs qui ne se sont pas tus : le regardeur y épouse des corps prisonniers mais couchés contre lui. Qu’importe si l’excrément du péché coule dans son sang.
jean-paul gavard-perret
Elizabeth Prouvost, Rencontres parisiennes de la photographie contemporaine, 5 au 27 novembre 2016, Marché Dauphine, Paris.
Pingback: Le Littéraire - Novembre 2016 - Rencontres Parisiennes de la Photographie Contemporaine