Les animamours de Tamina la Sagesse
Chaque silhouette de Tamina Beausoleil devient une souche phalliquement indifférente mais non insensible au « même ». Hôte de ses bois et en rien oie blanche, elle fait des dessins des prodiges qui ouvrent sur des mondes intérieurs moins abscons que ceux des métaphysichiens. Chez elle, les intestins échafaudent des structures aussi impressionnantes que drôles.
Ce qu’on nomme vulgairement un « beau cul » prend une autre dimension car sous sa grande nacre s’y articulent des ombres qui n’ont plus rien de faméliques. Leur lustre rend le bouc novice. Les égéries ne font pas bombance de ses rognons mais ne se contentent pas seulement de montrer leur saints.
Aussi charcutière, détrousseuse que shakespearienne Tamina fabrique des spectres de royaumes qui n’ont rien de victoriens. En eux des animaux prolifèrent. Il faut en mettre à profit la viande. Dans le ventre des comtesses de Ségur — et lorsqu’elles le dégrafent — suintent des tortues de mère, des pseudotes et vipères ou des animaux plus familiers. Tous sont dans ses femmes comme chez eux. Ils ne demandent pas leur reste. Ce qui n’est pas forcément le cas des voyeurs. Leurs fantasmes se transforment en voyances. Car nul ne peur rester indifférents ou impassibles là où l’animal rit dans des huiles de visions et des testicules biliaires.
Les fantomettes de Tamina sont donc bien vivantes, se respirent en elles des notions infécondes voire des excréments. Mais tout est bon dans le jambon, comme dans la charcutière.
jean-paul gavard-perret
Tamina Beausoleil, Atelier Gustave, Paris, à partir du 19 octobre 2016 (avec Olga Mathey et Jojo Wang).