Les héritages sont parfois lourds à porter !
Cinquième tome de ce second cycle, XIII qui porte le patronyme de Jason Mac Lane progresse à grands pas dans la découverte de ses origines et dans les raisons qui motivent ses ennemis. Cependant, nombre de questions restent encore sans réponses, ce qui augure d’autres épisodes que l’on souhaite aussi riches en révélations et en rebondissements. Yves Sente signe une intrigue compliquée à souhait, superbe de conséquences et de contrecoups, où il se passe quelque chose presque, en exagérant un peu, à chaque vignette. Certes, le scénariste n’hésite pas à faire référence à la “Grande Histoire ” et à mettre en scène des personnages célèbres sur la vie desquels, d’ailleurs, plane un certain nombre de mystères. Quant à faire de Jason, un descendant des Tudor, la fiction le permet d’autant que le personnage d’Elisabeth Ier soulève suffisamment de questions.
Au siège de la Fondation Mayflower, c’est l’inquiétude alors qu’à Amsterdam Julianne et ses tueurs sont aux trousses de Jason et d’Annika. Au Banichistan, Jones et Carrington passent aux mains de Kamal qui voit l’occasion de se faire beaucoup d’argent en vendant les deux otages. À Amsterdam, le professeur Schiedenis, éminent historien et linguiste, déchiffre les documents que Jason lui a apportés. Il en ressort que celui-ci est le dernier descendant de la branche des Tudor et qu’il possède un titre de propriété signé de la reine Elisabeth Ire sur le territoire même que gère, de façon très secrète, la Fondation.
Au Pentagone, le sénateur Allerton donne sa version de sa libération au général Wolf sans toutefois réussir à convaincre réellement ce dernier. Il en fait part au staff de Mayflower. Mais l’opération Roots Power doit se poursuivre. À Amsterdam, Jason et Annika échappent, non sans mal ni sans dégâts, aux tueurs de Julianne et trouvent refuge au Canada. Jones et Carrington sont vendus aux talibans. Une intervention verbale de Jones déclenche une riposte. Et Wolf contraint Jason à infiltrer la Fondation.
Cet album est complété par un tableau reprenant la généalogie de XIII jusqu’à son lointain ancêtre. On ne peut que regretter que l’efficacité dont font preuve, ici, les Services secrets pour libérer des otages dans des zones à haut risque ne soit pas plus souvent de mise. L’auteur pose également une question capitale quant à la gestion de la virilité des “fous de dieu” et à leurs frustrations vis-à-vis des femmes.
Iouri Jigounov offre un dessin réaliste, très réaliste, tonique, dynamique, tout à fait en phase avec l’’esprit de l’intrigue qui joue d’abord sur l’action en mettant en avant des situations très actuelles. Son graphisme est attractif, d’une grande efficacité, donnant des personnages agréables à regarder.
La poursuite de cette nouvelle conspiration donne un album très agréable à découvrir, en attendant une suite qui promet son lot de révélations.
serge perraud
Yves Sente (scénariste), Iouri Jigounov (dessin), Bérangère Marquebreucq (couleurs), XIII - t..24 : “L’Héritage de Jason Mac Lane”, Dargaud, juin 2016, 56 p. – 11,99 €.