Christophe Arleston & Adrien Floch, Les Naufragés d Ythaq — t.13 : “Glèbe la singulière”

Un thril­ler politico-spatial

Dans cette série, le scé­na­riste pri­vi­lé­gie la science-fiction, voire l’anticipation, à la fan­tasy. Mais il reste un fervent adepte de la fan­tai­sie. Et il ne s’en prive pas dans cette saga à tra­vers les étoiles. Certes, Chris­tophe Arles­ton fait “du Arles­ton”, avec sa façon unique de manier l’humour, d’inventer des situa­tions déca­lées, des séquences déjan­tées, voire bur­lesques au sens le plus noble du terme. Il fait preuve d’une inven­ti­vité remar­quable en uti­li­sant, en les revi­si­tant, nombre des stan­dards de la lit­té­ra­ture popu­laire. Mais il n’est jamais éloi­gné de l’actualité et sait inté­grer avec humour la réa­lité la plus sombre.
Cepen­dant, sous des dehors lou­foques, sous l’humour le plus potache, à la manière d’un maître du genre comme Pierre Dac, percent les inquié­tudes de l’auteur quant à l’avenir et la sur­vie de nombre de valeurs. Il n’hésite pas à fus­ti­ger les inté­grismes les plus divers, du reli­gieux au poli­tique, prô­nant la défense des liber­tés, de toutes les liber­tés. Dans ce tome, il conti­nue à pro­vo­quer des ren­contres entre les deux héros et une kyrielle de peu­plades huma­noïdes du plus bel effet. Il rap­pelle avec le per­son­nage du pré­vôt, habillé à la mode de Robin des Bois, le cynisme des élus dans l’édiction de lois per­verses, la rapa­cité de ceux-ci qui n’ont pour seul objec­tif que leur enri­chis­se­ment personnel.

Granite, pour échap­per à Cal­lista, a pré­ci­pité son vais­seau dans la porte des uni­vers et s’écrase dans les marais Fri­leux, sur la pla­nète Glèbe. Si Nar­varth, mal­gré ce qu’il veut faire croire, à bien encaissé le crash, ce n’est pas le cas de Danaëlle qu’ils retrouvent le corps tra­versé par un éclat de métal. En l’examinant, ils découvrent qu’elle est un Cyb. La néces­sité de la soi­gner, la faune du marais qui devient agres­sive, amènent les deux agents à cher­cher du secours. Une navette conduite par des Purpres, une race d’insectoïdes tech­no­lo­gi­que­ment avan­cée, les recueille et les traite en Balares. Les soins appor­tés à Danaëlle pro­voquent, chez leurs sau­veurs, une bat­te­rie d’interrogations.
Sur Nehorf, le haut-commissaire à fort à faire avec Latran, le petit génie. Celui-ci vient de faire une décou­verte fon­da­men­tale mais ne veut la révé­ler qu’au chan­ce­lier. Cédant à son caprice, ils se rendent au Capi­tol. En che­min le haut-commissaire reçoit des nou­velles alar­mantes dont il fait part immé­dia­te­ment, pro­vo­quant la colère de Latran. Alors que celui-ci va pou­voir par­ler une attaque bru­tale se déclenche. C’est Cal­lista qui orga­nise un coup d’Etat.
Sur Glèbe, le trio est envoyé vers une société de semi-humains, à la morale rigide. Alors que, sur les conseils de Danaëlle, Gra­nite embrasse Nar­varth pour faire la paix, ils sont sur­pris par le pré­vôt. Cet acte licen­cieux est puni de mort lors d’une lapi­da­tion publique. Les cailloux doivent être ache­tés auprès du reven­deur agrée, le pré­vôt lui-même.
En pri­son, en atten­dant leur sup­plice, ils font connais­sance de Flu­gurge, un exhi­bi­tion­niste qui peut chan­ger de sexe instantanément…

Le des­sin d’Adrien Floch qui s’appuie sur les desi­gns de Fred Blan­chard, enri­chi par la mise en cou­leurs de Claude Guth, porte le scé­na­rio de belle façon. Ces créa­teurs savent retrans­crire à mer­veille toutes les sub­ti­li­tés du récit, les émo­tions, la richesse des décors et l’inventivité dans les per­son­nages. Un cahier de seize pages com­plète la pre­mière édi­tion qui fête le dixième anni­ver­saire de cette saga.
Pré­senté comme un film, les héros et pro­ta­go­nistes prin­ci­paux évoquent leur façon d’aborder leur rôle, la façon d’appréhender leur per­son­nage. Une série très plai­sante à suivre pour la richesse de son scé­na­rio, l’humour omni­pré­sent qui accom­pagne le récit et les per­son­nages riches en capa­ci­tés de toutes natures.

serge per­raud

Chris­tophe Arles­ton (scé­na­rio), Fred Blan­chard (desi­gns), Adrien Floch (des­sin), Claude Guth (cou­leurs), Les Nau­fra­gés d Ythaq, t. 13 : “Glèbe la sin­gu­lière”, Soleil, coll. “Fan­tas­tique”, novembre 2015, 64 p. – 15,50 €.

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