Florence Martin, Œuvres (exposition)

Les pri­mi­tives du futur de Flo­rence Martin

Il existe bien des accrocs dans la soie­rie des voyages, sinon des robes des filles pré­pu­bères, de Flo­rence Mar­tin. L’artiste nous pro­jette dans un monde étrange et fabu­leux. Les ogres ne tirent pas les inno­centes par les pieds : elles semblent avan­cer indif­fé­rentes à ce qui se passe autour d’elles. Peuvent s’imaginer par­fois des gazouillis d’oiseaux mais sou­vent des ani­maux plus ter­restres et la nature semblent hos­tiles mais les per­son­nages les côtoient ou les tra­versent en demeu­rant indemnes. Les fillettes deviennent les « signes » de l’humain face à tout se qui s’anime autour d’elles. Par­fois, un lien les rat­tache de manière sub­tile au passé : l’artiste les retient par un éche­veau. Elle rejoint le bord gauche des œuvres comme si elles res­taient arri­mées à un temps matriciel.

De dieu, du monde, des ani­maux ces per­son­nages ne redoutent pas le ton­nerre. Les scènes « pas­to­rales » ouvrent à un uni­vers autre que celui de la grotte ou de la cha­pelle. Chaque enfant les arpente ne crai­gnant jamais que qui­conque puisse le sur­prendre ou l’attaquer. Elles gardent le silence sans qu’on puisse dis­cer­ner une sou­mis­sion qui vien­drait les muti­ler. Certes, il se peut qu’elles soient contraintes à leur insu mais nul ne peut dire de quel inter­dit elles pour­raient pâtir. Mais l’artiste tire cer­tains rideaux et ficelle afin que rien ne leur tombe sur ta tête. Elles semblent donc fran­chir les espaces selon une par­faite séré­nité — même si par­fois un cer­tain éton­ne­ment du regard laisse un doute.

Elles tra­versent néan­moins en robe légère des ves­tiges ani­ma­liers ou natu­ra­listes sous une lumière blanche. Leur visage reste muet et impas­sible là où se caressent les confins du monde dont nul ne peur pré­ci­ser le fond. Tout ce que l’on peut affir­mer reste la pré­sence de ces jeunes enfants sou­mis à des pre­miers ver­tiges. Par leur calme, elles semblent deve­nir des domp­teuses d’impossible.
Seule Flo­rence Mar­tin semble en connaître les secrets là où l’extase d’un cer­tain vide vien­drait gué­rir de la mala­die du temps. Qu’importe si la fusion dans le réel n’est pas au rendez-vous. De telles enfances semblent naître de l’espace. Ces filles du futur font par­tie de nous.

jean-paul gavard-perret

Flo­rence Mar­tin, Œuvres, Gale­rie Eli­za­beth Cou­tu­rier, Lyon

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