Olivier Barbarant, Odes dérisoires et quelques autres un peu moins

A fleurs de pots

Olivier Bar­ba­rant est l’exemple type du poète sur lequel il y a peu à dire. Son œuvre n’est ni bonne, ni mau­vaise. Pas vrai­ment déri­soire : juste un peu plus que ça. Donc l’auteur ne ment pas. “Mes émo­tions sont déri­soires et j’y tiens” écrit l’artiste. A-t-il tort ou rai­son ? Silence radio. La forme poé­tique est un rien vieillotte. Et le lyrisme idem. A l’image d’ « Un ciel que l’hiver ébrèche met­tant au bleu très pâle ses cou­teaux trans­pa­rents ». C’est du Guille­vic. En plus disert. Mais ni meilleur, ni pire. Mais sa poé­sie eut et à encore des défen­seurs : Jean Ristat (ce qui semble nor­mal), Ber­nard  Noël (ce qui l’est un peu moins).
L’ode veut se dis­tri­buer en tranches de la vie et du quo­ti­dien. Tout est gen­tillet et même sym­pa­thique et ça sent bon la poé­sie de « gauche » comme le genre en a connu dans tout le XXème siècle après le Sur­réa­lisme. A pro­pos de Sal­va­dor Allende et de la place qui porte son nom à Paris, le poète écrit : “Naguère on connais­sait le nom/ Désor­mais c’est un long dal­lage dédié à l’exotisme/ / Pour les jeunes gens qui glissent devant/ Cas­quettes à l’envers leurs rires pour tout requiem”. C’est un peu mince.

Certes, Oli­vier Bar­ba­rant, comme l’on dit, fait le bou­lot. C’est une poé­sie de pro­fes­seur qui « tourne en bout de ligne comme aux che­vaux de bois » mais qui garde de belles trou­vailles (la der­nière cita­tion le prouve). Les mots sont choi­sis comme des fleurs pour deve­nir bou­quet et être jetés à la face du temps. Donc, il faut faire vite. Le poète reste engagé et peut se deman­der quel rôle il à a jouer en enseignant-fourbisseur de songes devant des jeunes gens dont l’avenir « est cou­leur de char­bon ». Il faut néan­moins accor­der au poète une cer­taine ten­dresse dans la droite ligne (mais en des­cente) d’Aragon qui repré­sente pour lui le maître absolu.
« En ai-je fini nom de dieu avec ces jolies pen­sées de fleu­riste ? » demande son héri­tier. La réponse est non. Et Jean-Claude Para et sa revue Europe ont beau défendre le poète, il demeure d’envergue moyenne. Des ailes de géants ne l’empêchent pas de mar­cher, mais elles ne lui per­mettent guère de s’envoler bien haut.

jean-paul gavard-perret

Oli­vier Bar­ba­rant, Odes déri­soires et quelques autres un peu moins,  Gal­li­mard, coll Poésie/Gallimard, Paris, 2016.

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