Le poète Claude Luezior a compris tout ce qui dans l’œuvre de la Suissesse Pavlina appartient à la figuration religieuse extatique mais aussi tout à ce qui rappelle une passion terrestre de la chair et son impossible espoir. L’ensemble concourt à une forme de consentement et de recueillement. Elle subjugue par l’admiration appelée par ce qui nous dépasse. Le corps semble remonter du fond du temps ou de l’instant d’avant. Il palpite et témoigne d’un panthéisme spirituel comme d’un tourment charnel où les anges sont déchus.
La peinture prend avec Pavlina un destin singulier et hors des modes. L’artiste, par les tons cuivrés ou bleutés, ouvrent à une présence de l’impalpable, de l’inconnu d’un ordre plus grand. Mais la figuration féminine interroge — tout autant sur toile, bois, papier, plaque d’acier oxydé — les points de sourde incandescence du corps. Deux « ardore » se font face : la mystique et la terrestre. Claude Luezior ponctue de ses fragments cette dichotomie comme « l’alliage indélébile d’un espoir et de la main humaine » . Le geste d’aimer se fait multiple et un. Les énigmatiques « chercheuses » de miel mystique et telluriques s’élèvent au sein de liturgies soyeuses, « funambules au bord des gouffres sur les fontanelles du silence » (Nicole Hardouin) pour remonter à la source jusqu’à l’extrême transparence.
jean-paul gavard-perret
Claude Luezior, Pavlina — Espaces et transparences, Editions du Tricorne, 2015, Genève, 132 p.