Ludovic Roubaudi, Les Baltringues

Une aven­ture humaine hors du com­mun pour ce pre­mier roman inso­lite aux pro­ta­go­nistes attachants

Les héros de ce livre sont des bal­tringues, les tech­ni­ciens, les gros bras, le pro­lé­ta­riat du cirque. Les obs­curs qui déplient et arriment la toile du cha­pi­teau, grimpent au mat, montent les gra­dins… ceux sans qui les artistes ne pour­raient char­mer, avec leurs numé­ros, les petits et les grands. On sent le poids de la vie sur ces hommes appa­rem­ment pri­maires. Au fil de la lec­ture on s’accroche à cette bande de mar­gi­naux émou­vants, fiers de leur tra­vail et de leur confré­rie, qui n’ont pas d’autre ambi­tion que celle de res­ter ensemble, de boire leur vin chaud, de décon­ner mais aussi d’être aimés. Ces sales mômes, sans état civil le plus sou­vent, anciens délin­quants par­fois, ces forces de la nature sont avant tout des êtres fra­giles qui débordent de soli­da­rité et de tendresse.

Et puis il y a Marco, chef cha­ris­ma­tique de la bande. Sans ce papa ter­rible qui ne leur passe rien, ces hommes se déchi­re­raient ou s’égareraient dans leurs vio­lences. Quand ces brutes recueillent un matin un chien égaré, ils ne savent pas que leur des­tin va bas­cu­ler. Ce chien n’est pas com­mun, c’est peut-être un sujet, c’est-à-dire un ani­mal qui apprend tout seul et tra­vaille pour le plai­sir. Une bête de cirque. Avec un tel chien, Marco, ancien artiste, rêve de démar­rer une nou­velle vie en créant son propre cirque. Il entraî­nera bien sûr tous ses amis bal­tringues dans son aventure.

Une pro­fu­sion d’événements, d’anecdotes, asso­ciée à l’infortune per­sis­tante de ces per­son­nages, crée une atmo­sphère cha­leu­reuse assez sin­gu­lière. Un uni­vers de misère d’où l’auteur tire mal­gré tout un comique constant. L’écriture de Rou­baudi témoigne d’une réelle maî­trise. Sa langue est celle de l’émotion. Maniant humour, poé­sie et ten­dresse, l’auteur décrit avec vir­tuo­sité ce monde qu’il connaît bien. Il nous immerge avec talent dans la vie de ces semis-exclus qui vivent en groupe, dans un monde clos avec leurs propres règles, leur vio­lence mais aussi leurs espoirs et leur fra­ter­nité.
Ce pre­mier roman inso­lite, au dénoue­ment sur­pre­nant, narre une aven­ture humaine hors du com­mun dont les per­son­nages sont pro­fon­dé­ment atta­chants. Jouissif…

domi­nique baillon

   
 

Ludo­vic Rou­baudi, Les Bal­tringues, Le Dilet­tante, 2002, 286 p. — 16,50 €.

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