Dans cet ouvrage Paulo Coelho montre qu’il existe une limite dans l’expérience du désespoir au cours de la vie d’une femme
Le chemin de l’amour
Après L’Alchimiste, Paulo Coelho revisite la question du chemin personnel. Ce livre, tiré d’une histoire vraie, est d’autant plus troublant qu’il s’inspire de la vie d’une ancienne prostituée résidant actuellement à Lausanne, mariée et mère de deux filles. Maria, une Brésilienne de vingt-deux ans, quitte son pays natal pour Genève. Elle espère y trouver l’une de ces trois choses : l’aventure, l’argent ou un mari. Après avoir avorté une carrière de danseuse, elle décide de faire ce dont elle se sait capable : gagner de l’argent grâce à sa beauté. Elle pose sa candidature dans des agences de mannequins, mais sa démarche reste vaine. De surcroît, son pécule se réduit comme peau de chagrin. Partant, Maria déprime. Enfin, un haut responsable de la mode l’invite à dîner.
Ce soir-là, la vie de Maria bascule : la jeune femme accepte de vendre son corps à cet homme, par désespoir. Laissant la vie décider pour elle, Maria devient une prostituée. Étrangère à elle-même, la Brésilienne vit au gré de ses rencontres. En écrivant son journal intime, elle conserve néanmoins un lien avec l’amour, cette force intérieure qu’elle réprime volontairement. Un jour, elle rencontre Ralph Hart, un peintre. En tombant amoureuse de cet homme, la belle Brésilienne va se réconcilier avec elle-même.
Dans cet ouvrage — d’une sensualité remarquable — Paulo Coelho montre qu’il existe une limite dans l’expérience du désespoir et de la douleur dans la vie d’une femme. À travers ce livre, dont la première partie met en exergue la réalité quotidienne particulièrement difficile de la prostituée, l’auteur développe un point de vue : il faut passer par la souffrance pour connaître la joie, il faut expérimenter la douleur pour vivre l’amour. De prime abord, l’auteur explore les doutes, éclaire les frustrations et met en scène les échecs de Maria. Puis, la rencontre avec le peintre marque une césure, aussi bien dans le déroulement de l’histoire que dans l’évolution du personnage principal. Ainsi, les obstacles jalonnant le parcours de l’héroïne représentent, pour le lecteur, autant d’étapes nécessaires pour que Maria accède enfin à l’amour. À travers cette dialectique, l’écrivain touche à des aspirations universelles. Si certains sentiments peuvent apparaître comme étant des poncifs, le public sensible aux histoires d’amour trouvera du plaisir à suivre le parcours de Maria.
la redaction
Paulo Coelho, Onze minutes (traduit par F. Marchand-Sauvagnargues), Anne Carrière “bibliothèque Paulo Coelho”, 2004, 372 p. — 18,50 €. |