Dans cette histoire, il y a les filles, Clara, Lucille, Joséphine et Agnès, amies d’enfance qui se retrouvent toujours, à la trentaine, pour des soirées mensuelles « entre filles » ; et puis, il y a les garçons, Rapha et Philippe, le « nouveau Jean-Michel Basquiat » bourreau des cœurs et le copain et frère aimant. Tous ont un point commun, cet immeuble de Montrouge où ils ont grandi. Et même si chacun a évolué de son côté – Lucille avec le richissime David Thyme, Joséphine à Nancy avec Ambroise, le chirurgien, et ses trois enfants, Agnès dans sa petite vie bien rangée, à Clichy, ils se rappellent au fur et à mesure du roman leur enfance plus ou moins agitée et heureuse. Nous sont révélées les faiblesses cachées de ceux qui semblent les plus forts, les complexes d’infériorité dus aux différences sociales, la solitude des enfants abandonnés par leurs parents et le terrible secret de Clara et Philippe.
Car le fil conducteur du roman, c’est Clara. Clara la chic fille pleine de charisme, Clara la bonne vivante, Clara l’éternelle amoureuse ; mais Clara, aussi, la petite fille malmenée par les grands et qui, adulte à son tour, prend sa revanche au péril de l’histoire de sa vie. Elle trahit son grand amour, Rapha. Puis le retrouve, changé. Il lui dévoile ce qui le hante, la maladie, la peur, la suspicion. Deux sentiments qui peu à peu se propagent à toute la bande, avec des effets différents selon la personnalité de chacun, mais souvent dévastateurs.
Les personnages de ce livre, chœurs de l’histoire, ne sont pas tous aimables a priori, mais ils ont tous leurs excuses – la solitude, la peur de ne pas être aimée, la fragilité, le poids du passé… C’est au cours du traditionnel repas entre amies que la coquille protectrice se fend, et chacune finit par jeter au visage des autres une vérité dérangeante et crue. Constant mélange d’amitié, de haine, de mesquineries, de jalousie et d’amour, leurs relations s’effritent pour mieux se reconstruire.
Malheureusement, il faut attendre assez longtemps avant que les choses ne commencent à bouger, dans ce livre. Et alors le fil de l’histoire s’emballe, malgré de (trop) nombreux passages qui tournent un peu en rond, répétitives introspections dans les états d’âme de chacun et chacune. Et pourtant, sur la pomme de discorde, Rapha Mata (j’adore ce nom !), on n’apprend pas grand-chose au bout du compte. Il est et reste assez mystérieux, le lecteur est un peu sur sa faim. C’est cela aussi qui fait une partie du charme de la chose, paradoxalement. La narration, en constant mouvement entre l’omniscient, la première personne et la troisième, est vive et enlevée, creuse au plus près des personnages. En définitive, une lecture pas désagréable, mais qui ne restera pas non plus parmi les plus marquantes de l’année.
agathe de lastyns
Katherine Pancol, Encore une danse, Éditions Retrouvées, novembre 2013, 392 p – 14,00 €