Katherine Pancol, Encore une danse

Danse funeste

Dans cette his­toire, il y a les filles, Clara, Lucille, José­phine et Agnès, amies d’enfance qui se retrouvent tou­jours, à la tren­taine, pour des soi­rées men­suelles « entre filles » ; et puis, il y a les gar­çons, Rapha et Phi­lippe, le « nou­veau Jean-Michel Bas­quiat » bour­reau des cœurs et le copain et frère aimant. Tous ont un point com­mun, cet immeuble de Mon­trouge où ils ont grandi. Et même si cha­cun a évo­lué de son côté – Lucille avec le richis­sime David Thyme, José­phine à Nancy avec Ambroise, le chi­rur­gien, et ses trois enfants, Agnès dans sa petite vie bien ran­gée, à Cli­chy, ils se rap­pellent au fur et à mesure du roman leur enfance plus ou moins agi­tée et heu­reuse. Nous sont révé­lées les fai­blesses cachées de ceux qui semblent les plus forts, les com­plexes d’infériorité dus aux dif­fé­rences sociales, la soli­tude des enfants aban­don­nés par leurs parents et le ter­rible secret de Clara et Phi­lippe.
Car le fil conduc­teur du roman, c’est Clara. Clara la chic fille pleine de cha­risme, Clara la bonne vivante, Clara l’éternelle amou­reuse ; mais Clara, aussi, la petite fille mal­me­née par les grands et qui, adulte à son tour, prend sa revanche au péril de l’histoire de sa vie. Elle tra­hit son grand amour, Rapha. Puis le retrouve, changé. Il lui dévoile ce qui le hante, la mala­die, la peur, la sus­pi­cion. Deux sen­ti­ments qui peu à peu se pro­pagent à toute la bande, avec des effets dif­fé­rents selon la per­son­na­lité de cha­cun, mais sou­vent dévas­ta­teurs.
Les per­son­nages de ce livre, chœurs de l’histoire, ne sont pas tous aimables a priori, mais ils ont tous leurs excuses – la soli­tude, la peur de ne pas être aimée, la fra­gi­lité, le poids du passé… C’est au cours du tra­di­tion­nel repas entre amies que la coquille pro­tec­trice se fend, et cha­cune finit par jeter au visage des autres une vérité déran­geante et crue. Constant mélange d’amitié, de haine, de mes­qui­ne­ries, de jalou­sie et d’amour, leurs rela­tions s’effritent pour mieux se reconstruire.

Malheu­reu­se­ment, il faut attendre assez long­temps avant que les choses ne com­mencent à bou­ger, dans ce livre. Et alors le fil de l’histoire s’emballe, mal­gré de (trop) nom­breux pas­sages qui tournent un peu en rond, répé­ti­tives intros­pec­tions dans les états d’âme de cha­cun et cha­cune. Et pour­tant, sur la pomme de dis­corde, Rapha Mata (j’adore ce nom !), on n’apprend pas grand-chose au bout du compte. Il est et reste assez mys­té­rieux, le lec­teur est un peu sur sa faim. C’est cela aussi qui fait une par­tie du charme de la chose, para­doxa­le­ment. La nar­ra­tion, en constant mou­ve­ment entre l’omniscient, la pre­mière per­sonne et la troi­sième, est vive et enle­vée, creuse au plus près des per­son­nages. En défi­ni­tive, une lec­ture pas désa­gréable, mais qui ne res­tera pas non plus parmi les plus mar­quantes de l’année.

agathe de lastyns

Kathe­rine Pan­col, Encore une danse, Édi­tions Retrou­vées, novembre 2013, 392 p – 14,00 €

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