Jones est un des personnages majeurs de la série XIII. Elle mérite bien une nouvelle trilogie après celle qui racontait son enfance dans le ghetto de Chicago, à la fin des années 60. Lieutenant, puis Major et enfin Colonel, elle est liée au général Carrington depuis son plus jeune âge. Dotée d’une excellente mémoire elle est experte en close combat et pilote de chasse. Elle a été représentée sous les traits de Whitney Houston.
Dans la présente aventure, elle se forme au pilotage au sein de l’armée avec le grade de sous-lieutenant.
Sur l’îlot d’Alcatraz, dans la baie de San Francisco, un commando issu d’un groupe d’activistes amérindiens se divise. Deux factions se font face autour de l’existence d’une caisse noire. Les autorités veulent mettre fin à cette occupation illégale et à la prise d’otages en dépêchant des forces musclées. Or, le général Ben Carrington, qui veut négocier, vient chercher Jones dans son école. Détachée pour cette mission, elle va s’employer à mettre en œuvre ses compétences de pilote pour tenter de résoudre cette crise. Mais parmi les Warriors…
Ce tome 2 monte l’action en puissance, donnant plus de mordant au scénario. Si les négociations sont importantes, toutes les tentatives de libération de l’îlot et des prisonniers donnent lieu à des péripéties musclées. Des situations actuelles trouvent leurs racines dans le passé et exposent des ressentiments forts et dangereux. Les interactions entre les forces politiques, militaires, influent sur le cours des événements. Comment éviter un bain de sang en atteignant l’objectif ?
Yann installe quelques éléments de l’atmosphère sociale des années 1970 aux États-Unis. Il inscrit dans les dialogues ce langage militaire avec une profusion de ces sigles que ceux-ci adorent employer. Mais, il en livre la dénomination complète. Il met en scène une chanteuse engagée, une poétesse libre, du nom de Joanis Joplaez, vêtue avec toutes les défroques des hippies. Il donne le montant dérisoire donné en verroterie pour l’achat de l’île de Manhattan, en 1626, aux Amérindiens et qui se monte, actualisé aujourd’hui, à 25 dollars.
Olivier Taduc assure, avec Bruno Tatti à la mise en couleurs, un graphisme d’une belle qualité. Le réalisme des scènes, des personnages comme des matériels engendre des planches marquantes.
Une série qui s’étoffe de belle manière, laissant libre cours à l’action tout en mettant en avant un des épisodes de la vie sociale aux USA dans un lieu emblématique. Remarquable !
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serge perraud
Yann (scénario), Olivier Taduc (dessin) & Bruno Tatti (couleurs), XIII trilogy – Jones T.02 : Rouge Alcatraz, Dargaud, juin 2024, 48 p. – 13,00 €.