Stéphane Piatzszek & Guillermo Gonzalez Escalada, La guerre des Amazones

Le cou­rage des femmes

Deux auteurs citent les Ama­zones dans la Mytho­lo­gie grecque. D’abord Héro­dote, qui décrit la façon dont les Scythes les ont ame­nées à s’intégrer, et Dio­dore de Sicile qui raconte, entre autres, la ren­contre entre leur reine Tha­les­tris et Alexandre. Depuis, ama­zone est devenu un terme plus géné­ral dési­gnant, pour toutes les époques, des femmes com­ba­tives. Il y a, hélas, quelques machos pour lui don­ner un sens péjo­ra­tif.
Sté­phane Piatzs­zek reprend le terme pour mettre en scène une résis­tance aux armées de Char­le­magne. Un groupe de femmes va se trans­for­mer en guer­rière pour lut­ter contre l’invasion de leur royaume. Il raconte la prise de conscience de la reine, des femmes face à la bar­ba­rie des chré­tiens. C’est la des­crip­tion des méthodes abjectes uti­li­sées pour conver­tir ces païens à une reli­gion où règne un “dieu d’amour pour sa créa­tion à son image”. Mais cela conti­nue de plus belle avec d’autres dieux et d’autres méthodes. Le scé­na­riste mêle réa­lité his­to­rique, ce qui est par­venu comme connais­sances sur cette époque jusqu’à nous, avec une belle dose de magie, de fan­tas­tique et de fan­tasy. Il pro­pose une his­toire épique selon les plus belles règles d’un récit d’aventures.
Outre l’action, les com­bats, les duels, l’auteur pro­pose une belle his­toire sen­ti­men­tale entre deux héroïnes.

En cette année 805, le roi Karl et son immense armée avancent à tra­vers l’Europe tel un rou­leau com­pres­seur. La Bavière, l’Austrasie et la Saxe ont été contraintes de se sou­mettre à l’envahisseur… et au dieu unique qu’il amène dans ses bagages. La Bohème est la pro­chaine sur la liste. Cer­tains, à com­men­cer par le plus proche conseiller du roi local, poussent ce der­nier vers une alliance, plai­dant que son peuple épuisé aspire à la paix.
Mais le roi décide d’aller défendre ses fron­tières, confiant le royaume à sa fille Libussa.Elle sera bien­tôt reine car son père ne revien­dra pas vivant, défait mal­gré son cou­rage. Quand on lui pro­pose de se rendre sans com­battre, contre la pro­messe de la clé­mence du roi Karl, Libussa refuse immé­dia­te­ment. Mal­gré une tra­hi­son qui l’oblige à fuir, elle va orga­ni­ser la résis­tance, sou­te­nue par les femmes de plus en plus nom­breuses qui quittent le châ­teau pour la rejoindre.

L’album a été com­plété après le décès bru­tal de Guillermo Gon­za­lez Esca­lada à l’âge de 50 ans. Les sept der­nières planches sont l’œuvre com­mune d’Iñaki Hol­gado et de Nico­las Bègue pour le des­sin et la cou­leur. Les scènes oni­riques, les nom­breuses actions sont ren­dues de belle manière même si la cou­leur mise en œuvre à l’ordinateur affa­diet­quelque peu des vignettes.
Un album plai­sant à lire pour ses per­son­nages fémi­nins, pour son intrigue et les don­nées his­to­riques, pour un gra­phisme qui se laisse regar­der avec intérêt.

serge per­raud

Sté­phane Piatzs­zek (scé­na­rio), Guillermo Gon­za­lez Esca­lada (des­sins et cou­leurs), Iñaki Hol­gado & Nico­las Bègue (des­sins et cou­leurs des sept der­nières planches), La guerre des Ama­zones, Édi­tions Soleil, coll. “Qua­drants”, jan­vier 2024, 56 p. — 15,50 €.

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