Mue tant — corps et poésie

Mue tant

Le res­sort poé­tique du corps devient ce silence dont les der­niers mou­ve­ments tirent leurs phra­sés de la moindre  res­pi­ra­tion. Il n’y a plus ni à se plaindre, ni à se réjouir, ni à se déso­ler. Ne reste qu’à subir, qu’à attendre.

Et le lan­gage lui-même n’est pas étran­ger à ce phé­no­mène puisqu’il s’épuise en n’épousant plus les pul­sa­tions d’une pen­sée. Après la trace vient la dis­tance là où les mots n’existent plus, ani­més au prix de leur disparition.

Cette spé­ci­fi­cité se défi­nit comme l’impossibilité de la pré­sence d’un excès théâ­tral sur­joué. Cha­cun est saisi de ver­tige comme s’il était happé en une sorte de gouffre. La parole morte et l’image vidée sont ainsi stig­mates de cet abîme sans fond où l’être plonge et que même le corps dési­rant vou­drait creu­ser encore.

jean-paul gavard-perret

Photo de Jacques Rupp

1 Comment

Filed under Erotisme, Inclassables

One Response to Mue tant — corps et poésie

  1. Villeneuve

    Sobre­ment écrit en quelques mots de poé­sie . Doux , grave , pré­cis , bien écrit .

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>