Enfant de la balle à sa façon, Michèle Reich prouve dans chacun de ses sonnets un potentiel métaphorique complexe et puissant. Ils soulèvent entre autres de nombreuses questions au sujet de la féminité et de sa représentation. La créatrice met en évidence certes le strass mais aussi celles qui se cachent derrière.
La base de sa création est le corps avec ses morceaux de Lucifer et d’Ange. Aux lectrices et lecteurs d’apprécier l’espace de la rencontre. Et d’entrer en des flux d’existence. D’où la densité émotionnelle de l’œuvre qui joue des références culturelles, populaires.
La poésie devient une activité qui montre ce dont le corps est plein sans en chasser l’esprit afin que Michèle Reich ne vive pas sans exister de leur dualité.
Avec de telles sonnets contemporains et savants, le spectateur ne sait plus forcément à quelle « sainte », « mère », « jouet », « figurine » se vouer. En effet, l’auteure mêle des juxtapositions insolites qui mettent au défi certaines attentes. S’y mêlent des éléments sombres et menaçants et d’autres plus en clarté et en charme.
L’ensemble communique un sens perturbant et jouissif. Il a ainsi toujours un coup, un cran d’avance. Que demander de plus que cet envoûtement de matière et de genre ?
jean-paul gavard-perret
Michèle Reich, Sonnets enchantés, Editions Contellations, Brive, mars 2024, 66 p. — 12,00 €.