Valéry Molet, L’aménagement des crevasses

Tapins tapinent : Valery Molet

Dans les nou­velles de Valery Molet n’existe pas la moindre pause. C’est la rai­son pour laquelle le lec­teur y trouve son ravis­se­ment et non seule­ment dans “les soutien-gorge en den­telles, des bas et toutes sortes de frian­dises sous-vestimentaires” dont l’auteur raf­fo­lait.
Certes, à l’inverse de ses lec­teurs, il doit fina­le­ment déchan­ter : “Désor­mais, ses bas étaient rares et mis à la va-vite, tom­bant par­fois. Comme elle fai­sait l’amour avec deux hommes, elle devait être épuisée.”

Mais, si la biga­mie a ses revers d’infortune (vu cer­taines irri­ta­tions), les lec­teurs trouvent là, et si l’on peut dire, d’autres chattes à fouet­ter. Toute la geste sociale de la quo­ti­dien­neté est mise en char­pie en ce qui devient un prin­cipe d’esthétique géné­rale.
De la vie spi­ri­tuelle, même si elle n’est pas absente, il est peu ques­tion. C’est pour­quoi les dévots peuvent pas­ser outre. L’âme a ses rai­sons mais pour le corps, c’est idem.

Les hypo­thèses et les vani­tés com­munes sont pas­sées au Kär­cher lit­té­raire, ce qui déclenche des esca­pades lit­té­raires pré­ci­pi­tées. Les nou­velles échauffent ainsi autant le corps que l’esprit et il n’est pas jusqu’aux rap­ports amou­reux d’être dégri­sés d’un roman­tisme où tant d’auteurs se plaisent et ran­cissent.
Molet a mieux à faire et à pro­po­ser. Et contre “la génoise de l’ennui”, il prône une sorte de bon­ho­mie d’un genre par­ti­cu­lier. Ne culti­vant jamais l’amertume, il cède à la ful­gu­rance des plai­san­te­ries sou­vent indécentes.

De lieux en lieux, d’un voyage à l’autre, les nou­velles ravissent dans ce qui devient une sorte de monde où tout est per­mis. Ce qui n’est pas tou­jours du meilleur aca­bit. Sur­tout en cer­tains ter­ri­toires.
Mais c’est ce qui fait le prix d’un tel livre comme “de la néces­sité de la mou­tarde de Meaux”.

C’est là ten­ter de venir à bout de tous les maux de la cohorte humaine et de ses abat­tis — dont les intes­tins où les ali­ments font le tapin.

jean-paul gavard-perret

Valéry Molet, L’aménagement des cre­vasses, Nou­velles, Edi­tions Uni­cité, Saint Ché­ron, mai 2022, 87 p. — 14,00 €.

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