Dans le jeu du vide et du silence
Dans ce petit livre et comme l’écrit dans sa préface Marianne Simon-Oikawa, tout Garnier est là : « la poésie en vers, les poèmes spatiaux dans lesquels les mots sont traités comme des images, le français et le picard, langue familière de l’enfance ».
Marianne Simon-Oikawa était sans doute une des plus adéquates pour effectuer le choix que recèle un tel livre : elle a collaboré avec Pierre et Ilse Garnier et travaille sur les poètes spatialistes dont le poète fut le maître.
Se retrouvent donc ici les deux aspects du créateur : la poésie “classique” et la visuelle (ou spatiale). Parfois, elles se rejoignent puisque en l’une peut se définir l’autre.
Garnier enfant s’infiltrait dans l’espace : “l’institutrice écrivait sur une ligne / dix millions / l’enfant disposait les zéros autour du un / / — et il obtenait un beau ciel”.
L’inverse est vrai aussi là où, par exemple, l’exclamation de la goutte de pluie sur un trottoir devient ” p!luie pl!uie plu!ie plui!e // plu!ie plui!e p!luie plu!ie // pl!uie plu!ie plui!e p!luie II plui!e p!luie plu!ie pl!uie’”.
L’auteur demeure toujours un inventeur qui a fait — à tous les sens du terme — bouger les lignes.
Dans le jeu du vide et du silence, l’un et l’autre sont enceints de ce qui semble n’être retenu qu’à presque rien : des mots ou leurs bribes.
jean-paul gavard-perret
Pierre Garnier, La beauté du monde, Fidel Anthelme X, Collection « La Petite Motesta » décembre 2021, 48 p. — 10,00 €.
Comme un enfant émerveillé devant un oiselet Pierre Garnier spatialise l’écriture poétique . La beauté est là . JPGP aussi .