Il est le plus humain, le plus proche de nous, avec ses insuffisances, ses manques, ses erreurs, ses hésitations, ses lâchetés ; il a défendu le Christ l’épée à la main et, quelques heures après, il l’a renié. Pardonné, il devint le chef de l’Eglise qu’il lui avait confiée. Le premier des papes.
C’est pour toutes ces raisons que Saint Pierre nous touche tant, qu’il est le plus connu des Apôtres.
La très belle biographie écrite par Christophe Dickès, grand spécialiste de la papauté, s’intéresse à tous les aspects du personnage.
Dans une démarche historique respectueuse de la foi, il décrit l’environnement dans lequel est né et a évolué le pêcheur, sa maison et sa famille, son métier, sa place au sein d’une sorte de classe moyenne, ce qui nous plonge dans les réalités de la société juive du temps de Jésus.
Tout au long du récit, on prend conscience du rôle et de la place que Simon, devenu Pierre, occupe dans l’entourage du Christ, notamment lors d’épisodes fameux comme la tempête ou la marche sur les eaux.
On voit bien la manière dont il s’impose au sein du groupe, devenant un « porte-parole des disciples », celui qui entretient « un rapport privilégié et particulier avec le Maître ».
Choisi par le Christ pour conduire l’Eglise, il devient « la base et le fondement de la communauté nouvelle et reçoit un pouvoir qu’il pourra exercer en l’absence du Seigneur ». Dans des pages non dénuées d’émotion, Christophe Dickès revient sur l’épisode du reniement.
Moment de peur d’un homme « qui n’a pas les épaules pour faire face », mais, rappelle l’auteur, qui ne renie pas la divinité de Jésus mais simplement affirme ne pas le connaître.
Puis vint la résurrection. Là encore Christophe Dickès rappelle que le Christ est apparu en premier à Pierre, « parce qu’il était le chef de tous » et parce qu’il « était nécessaire de le consoler après son reniement. »
A partir de là, la biographie décrit en détails le ministère pétrinien, les premiers déchirements de l’Eglise, l’apostolat, Rome et la mort.
Mais l’histoire ne s’arrêta pas là. L’auteur se penche donc sur la place de Pierre dans le christianisme primitif, dans l’art et la littérature et, bien sûr, dans ce phénomène de longue haleine qui imposa la primauté de siège romain sur les autres.
Tout cela est passionnant et le lecteur apprendra énormément grâce à cette biographie claire et accessible, nourrie aux meilleures sources.
frederic le moal
Christophe Dickès, Saint Pierre. Le mystère et l’évidence, Perrin, octobre 2021, 378 p. — 24,00 €.