Quand absence fait le jeu de la présence
Il existe dans ce livre un combat en faveur de certaines traces. L’écriture fouille la matière noire de divers fonds : mais celui de la Garonne n’est pas le seul. Bien au contraire.
D’où un travail narratif où surgissent des possibilités d’intervention sur le non-dit des discours, sur leurs faces sombres et les parties cachées des êtres et du monde. C’est pourquoi chez Devésa l’imagination n’est en rien une chose morte et trouve une spécificité : elle est là pour utiliser les manques, les omissions, les censures, les états impossibles des narrations admises qui les bloquent.
Existe là une littérature pour mémoire d’un genre particulier grâce à ses composantes dynamiques. Elles permettent d’envisager à la fois les questions de l’existence, du paysage et du récit selon de nouvelles voies. Une telle narration ouvre sur des abîmes.
Il s’agit non de les laisser vacant mais de les comprendre afin de mettre fin à bien des déterminismes et sous un nouveau “change” où l’absence fait le jeu de la présence.
jean-paul gavard-perret
Jean-Michel Devésa, Garonne in absentia, Mollat, octobre 2021, 160 p. - 10,00 €.