Gabriel Katz, N’oublie pas mon petit soulier

Quand sus­pense et humour font bon ménage 

Le héros de Gabriel Katz est comé­dien. S’il est beau gosse, il accu­mule les déboires dans son acti­vité, fai­sant des cas­tings qui n’aboutissent pas, de la figu­ra­tion, de la publi­cité… Tou­te­fois, il y croit et, en atten­dant la gloire, il enchaîne les petits bou­lots ali­men­taires. La fin d’année est pro­pice pour assu­rer le rôle du Père Noël. C’est auprès des femmes qu’il ren­contre le suc­cès. Mais celui-ci le conduit dans des situa­tions cri­tiques qui le mettent en dan­ger.
En cour­ti­sant Vic­toire il a déclen­ché la colère d’un mafieux qui déclare un kanun “…l’équivalent alba­nais de la ven­detta, qui ferait pas­ser les Sici­liens pour des com­pa­gnons d’Emmaüs. C’est le code de l’honneur puis­sance mille… sur sept géné­ra­tions. Tout le monde y passe, y com­pris les enfants…

Benja­min, Ben, est un séduc­teur né qui a beau­coup de suc­cès auprès des femmes. Comé­dien sans réus­site, il fait le Père Noël au Prin­temps, à Paris. Sou­dain avec un gamin qui l’horripile sur les genoux, il LA voit entrer. Il faut qu’il capte son atten­tion, qu’il lui parle. Elle s’appelle Vic­toire, veut faire un sel­fie et repart. Il ne pense qu’à la suivre sans se sou­cier des consé­quences de son aban­don de poste. Elle est accom­pa­gnée d’un homme qu’il prend pour son mari et qui ne voit pas d’un bon œil les ten­ta­tives d’approche de Ben. Il le menace.
Ayant perdu son contrat, il fait le came­lot pour ten­ter de vendre un appa­reil magique, le Noue-cravate. Il la voit arri­ver, se diri­ger vers le Père Noël. Ben fait tout pour la rejoindre. Elle le cher­chait car le sel­fie est flou. Il faut le refaire tout de suite ! Il n’a pas d’autre choix, pour ne pas la perdre, que tout aban­don­ner et mon­ter dans sa voi­ture. À sa suite, il découvre la vie des riches. Il apprend que l’homme qui l’accompagne est son garde du corps, qu’elle est la fille d’un indus­triel et l’épouse de Valon, un mafieux alba­nais. Elle l’emmène dans son appar­te­ment mais son chauffeur-garde du corps l’alerte : elle est là. C’est la mère du mafieux, sa belle-mère. Ben­ja­min devra être parti avant qu’elle ne se lève. Bien qu’ayant pro­grammé une heure de réveil sur son télé­phone il ouvre les yeux trop tard, la bat­te­rie étant épui­sée.
La belle-mère est debout. Après une scène de comé­die, elle com­prend que Ben a passé la nuit avec Vic­toire. Elle sort un revol­ver de son sac et tire. Elle touche le chauf­feur. Ben s’empare de l’arme de ce der­nier et tue la vieille…

On suit avec inté­rêt les rebon­dis­se­ments et les ten­ta­tives du héros pour se sor­tir du pétrin où il est placé. Le récit est vif, enlevé, l’écriture est alerte et les très nom­breuses péri­pé­ties s’enchaînent sans répit. Mais un autre inté­rêt réside dans la verve du roman­cier, dans son humour, son goût pour le jeu avec les mots, pour ses dia­logues étour­dis­sants. Il a le sens de l’image inso­lite, des situa­tions cocasses, des réflexions facé­tieuses mais mar­quées d’un solide bon sens. On s’amuse, on sou­rit, on rit mal­gré les vicis­si­tudes du pauvre Ben­ja­min.
Gabriel Katz se livre à des des­crip­tions drôles sur le Père Noël dans les grands maga­sins, le métier de came­lot, le Noël en famille avec des rites incon­tour­nables… Et, n’y a-t-il pas nombre de paral­lèles entre le métier de comé­dien et celui de roman­cier, être sans cesse à la recherche de nou­veaux contrats ?

Avec ce roman, Gabriel Katz offre à ses lec­teurs un grand moment de lec­ture pour une intrigue attrac­tive, contée d’un ton jubilatoire.

serge per­raud

Gabriel Katz, N’oublie pas mon petit sou­lier, Édi­tions du Masque, coll. “Masque Poche”, novembre 2018, 320 p. – 8,00 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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