Line Marquis dans son féminisme multiplie les images dérangeantes jusque dans leur titre plein d’humour militant. Son œuvre est complexe : images apocalyptiques et bucoliques se succèdent là où, quand la nostalgie devient présente, elle déroge à la règle commune. Le noir et blanc, les inserts verbaux sont parfois soulignés de touches psychédéliques. L’art faussement naïf jouxte au besoin la Science-fiction.
Défigurant la figuration, la Lausannoise ose parfois une abstraction abrasive. De la figure au signe, le dessin atteint la sensation au sein de narrations intempestives. Il ne manque jamais d’idée mais n’est pas croqué par celle-ci. Il s’agit de trouver ce qui peut à la fois soulever l’inanité du monde et réveiller l’art du temps. Cosa mentale, le graphisme est une levée de l’imaginaire pour une vision critique du réel et du réalisme.
Line Marquis, Papier Bitte ! ‚ Galerie C., Neuchâtel du 14 janvier au 27 février 2016.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Etre en vie et la perspective d’un café.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils se réalisent peu à peu il me semble…
A quoi avez-vous renoncé ?
A pas grand chose d’indispensable.
D’où venez-vous ?
D’une famille jurassienne aimante et peu névrosée, je dirais.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Une certaine curiosité, la capacité de faire plusieurs choses à la fois et une incurable impatience.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Descendre à pleine vitesse à vélo depuis les hauts de la ville en grillant quelques feux rouges.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Pas grand chose je crois.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Le retable d’Issenheim de Matthias Grünewald.
Et votre première lecture ?
“Yakari”.
Pourquoi votre attirance vers le dessin ?
Je cherche encore.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Janis Joplin, Fink, La Gale et George Brassens et Led Zepplin…
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Entre Ciel et Terre”, la Trilogie de Jòn Kalman Stefansson.
Quel film vous fait pleurer ?
“La liste de Schindler”.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un curieux mélange entre mon père et ma mère.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A ma gérance pour demander une baisse de loyer.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
New York, mais c’est un peu dur à avouer.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Chaim Potock, Toni Morrison, Siri Husdvedt, Louise Bourgeois, Gabriel Orozcò, David Hockney, Miriam Cahn, et encore beaucoup d’autres !
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une année sabbatique à consacrer à mon travail artistique.
Que défendez-vous ?
La veuve et l’orphelin. Entre autres.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
J’avais pas vu ça comme ça.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?”
Une ouverture d’esprit démonstrative !
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Est ce que votre travail artistique est un travail de sensibilité féminine ? ( et je vous mets la réponse : non, féministe !)
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 9 janvier 2016.
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