Véronique Bergen in Revue Ewarda n° 17 – Le Nuancier

Véronique Bergen in Revue Ewarda n° 17 – Le Nuancier

Pour Sam Guélmi, directeur de la revue, « la magie du nuancier se confond pour moi avec la palette des couleurs de la vie. Il se présente comme un arc-en-ciel traversé par la lumière de l’existence ». D’où cette succession de textes (en majorité féminins) où les deux de Véronique Bergen illuminent l’ensemble. D’abord par son écriture ailée, sensorielle, jouissive et aussi par sa mainmise sur ce qui devient deux textes de formation et de sexualité apprise et revendiquée.

Les deux, quoique à distance, sont en « repons » : l’un en miroir », l’autre en partage. Même si toutedfois la symbiose fait le jeu des lectrices (et lecteurs). Dans cette confrérie de couleurs, le violet domine sur le noir, et devient mystérieux et profond, peuplé d’étranges saphirs dans des torsions des corps (même parfois leurs varices maternelles ). D’un point à un autre, l’auteure réveille sa jeunesse, ses amours (au sein desquelles trône sa voisine de cinq ans, qui fut « mon petit mec, ma réglisse à la dure, capricieuse, vicomtesse guerrière, autoritaire, elle menace de me répudier, commande sa cour d’esclaves mâles et femelles, elle est de la trempe des Queens »).

Mais Véronique Bergen a pris du temps pour digérer ce qu’elle a découvert si jeune – mais aussi sensuelle qu’intelligente . Sa réflexion, ses approfondissements et envols ont entraîné dans la couleur la plus profonde un saut dans l’azur. Et ce, sa grand-mère comprise, coquette subtile, vêtue d’une robe élégante, de bijoux étincelant. L’auteure en un tel « prisme du cosmétique » a appris à voir le monde et l’embrasser tant que cela se faisait encore aux premiers temps face à une petite fille réticente et fascinée.

Après tout, comme sa Cécile, Véronique Bergen (certes ici sans l’avouer) est devenue reine des plages et des boîtes de nuit, quitte à jeter ceux qui se prennent pour des princes charmants relégués avec dédain au rang des affaires courantes. Ces évocations justes, drôles, graves, triomphantes construisent une littérature efficiente, mordorée voire excitante. Des torses cambrés et des jeux de miroirs, aux remparts, font place frôlements, rencontres et passages insensibles.

D’une nuance à une autre de violet, les sens s’éveillent via certains glissement de terrain pour joindre le grand amour. Enfin presque car « la fée du béguin s’envole » et c’est la chute. Mais bien des issues de secours sont possibles : « l’aimée est devenue un effroi, une zone de risque est à éviter », mais qu’à cela ne tienne. Les tropismes des corps suivent leurs cours quitte à les « détropicaliser » quand le mal court. Néanmoins, pour celle qui se fit expédiée presque sine die même si le père fouettard aussi fut « homme en noir », le pas au-delà des abandons arrive et c’est le bien et le suave qui pointent. Pour eux, des promesses sont tenues.

Textes de Véronique Bergen, « Danses de la libellule lilas » & « Lettre à moi, L’œuvre au noir », revue Edwarda, n°17, Le nuancier, Paris, février 2025, 176 p. – 26,00 €.

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