Thomas Sotto, Une aventure nommée Federer
On ne m’y reprendra pas de Sotto…
Roger Federer est LA star numéro un du tennis. Alors, quand un journaliste connu et admirateur reconnu de l’icône annonce écrire un livre sur son idole (et la mienne), on s’attend à un travail fouillé, foisonnant de petites découvertes et, sans faire la langue de péripatéticienne, on peut éventuellement espérer découvrir une face un peu plus sombre ou quelques faiblesses. Mais que nenni, comme pourrait dire l’auteur, apparemment féru de formules datées (« Roger n’en pipera mot. » « N’en déplaise aux esprits chagrins. »).
Dans la liste des innombrables fans de Federer, je me situe à peu près au même niveau que sa mère, c’est donc avec beaucoup d’excitation que je me suis jetée sur ce livre. Je l’ai lu attentivement et consciencieusement annoté. À part deux « ok » et un « intéressant » (page 94, 110 et 146) le reste est souvent d’une banalité tellement consternante que je n’ai su que dessiner des points d’exclamation et verser quelques larmes.
D’abord le style : « À peine rentré chez moi, je venais de me glisser sous la couette pour une petite sieste réparatrice après une nuit de travail. Je m’en extirpe à la vitesse de l’éclair. » Tout étant à peu près de ce niveau, je n’accablerai pas le lecteur de cet article d’autres exemples.
Pour le fond, ce qui est quand même le plus important, j’ai eu l’impression de lire une revue de presse, un concentré de toutes les citations les plus diverses à propos du champion. Quand Thomas Sotto cite d’anciens joueurs, même s’ils disent des banalités, au moins au moins peut-on considérer qu’ils parlent de ce qu’ils connaissent, mais que viennent faire là Daniel Cohn-Bendit, Philippe Labro, Anne-Sophie Lapix ou Francis Huster qui ne connaissent même pas personnellement « Rodgeur » ?
Surtout que le premier va donner son avis sur le style vestimentaire de Federer et Huster parler de son panache ! Et quand on lit qu’à une époque Federer portait « un catogan à la Alain Gillot-Pétré » la coupe est pleine.
En plus des anecdotes, pour la plupart sans intérêt (quand il était petit Roger n’aimait manger que des saucisses et des cornflakes et un jour qu’il était en voiture à Paris il a baissé sa vitre pour dire bonjour à une ancienne joueuse française en l’appelant par son prénom…), le livre est aussi plein d’approximations et de « on-dit ». (« Il entrerait d’ailleurs toujours sur le court avec huit raquettes, dit-on. », « Ses gains en tournoi ne représenteraient, si l’on en croit Forbes, que 30% de sa fortune. ».
Si Thomas Sotto tenait à caser ce genre d’informations dans son ouvrage, peut-être, en bon journaliste qu’il est, aurait-il pu essayer de les vérifier ?
Bref, ne restera que l’impression de lire un article, bien trop long, comme on en trouve dans ces magazines qui traînent chez son coiffeur ou son dentiste et qu’officiellement personne ne lit. Il ne suffit pas d’être un nom pour écrire sur un nom, l’important est d’abord d’avoir quelque chose à dire.
agathe de lastyns
Thomas Sotto, Une aventure nommée Federer, Rocher, mai 2018, 211 p. – 16,90 €.