Songe (Monsieur)
La cristallerie (prise pour une verroterie) de sa prose s’habille en un théâtre d’ombres. Elles ne chinoisent pas : reste l’écume de mouvements de deux mains malhabiles qui tentent de retenir ce qui tombe de l’arête du présent.
Les phrases sont écrites au coeur du réel. C’est toujours la même histoire car il n’y en pas d’autres mais il la raconte bien. A savoir, jamais pétrie, en boulanger qui ne ferait du pain que pour ses confrères. Elle nous est promise non par séduction mais habile subterfuge pour mieux creuser l’unique énigme ; celle de l’ombre.
Monsieur Songe vieillard et veilleur esseule ses nœuds, les hisse au jour. Son insuffisance présumée notoire est nôtre. Il la replonge dans l’opaque de sa matière, et nos interrogations en de vivifiantes hypothèses tout en limitant la lumière.
Ce qu’il dit n’est qu’approche. Dans cette étroitesse, il dit la folie d’écrire, de nous écrire, d’écrire ça. Pour mieux volontairement mal dire ce qui – en lui, en nous – est vulnérable. Le tout en rentrant sous terre mais à fleur d’eau.
jean-paul gavard-perret
photographe inconnu
