Romain Frezzato, Monde minime

Romain Frezzato, Monde minime

Monde minime est le résultat d’une quête poétique et éthique exigeante, d’un effort de parole affrontant ce
« mur
contre quoi s’é-
crase l’apparu, le
surgi »

le tout dans une poésie serrée, crue, lucide, fruit d’une patiente maturation et selon de quatre mouvements dont les titres manifestent une recherche de concision et un travail sonore propre à traduire le redoublement incessant du « tam-tam du non tu » : « Exit l’exact », « Totem tendre », « Monde minime », « Bruit bas ».

Ce dernier forme la basse continue de cette poésie d’une musicalité singulière où les mots sont rendus à leur étrangeté primordiale, donnant leur palpitation en tension vers le
« lieu dense où
éclot l’être »

dans un jeu entre l’intime et l’extime.

Romain Frezzato y accueille la complexité du monde tapie sous son apparence de « monde minime ».
Une autre série de poèmes de l’ouvrage, prolonge l’effort du créateur pour rendre la langue impure et plus juste dans ses « murmurations » au « lent sabir du bas ». Elles excèdent et glissent par « l’écart entre les silhouettes », là où tout vivre clignote mais appelle à une résistance passive et active.

Le vestige refuse de se laisser comprendre en tant que tel. Et ce, dans une poésie révélatrice de l’absence pour lui donner un autre aspect. Demeure une forme de combat contre la mort, pour l’ange. L’œuvre touche à des régions essentielles. C’est à sa manière un « outreblanc » comme il existe un « outrenoir » chez Soulages

Surgit aussi un autoportrait détaché de toute figure. Quelque chose se met à vivre qui demande l’arrêt et le silence. Le travail déplace les mots de leurs usages établis. Un interdit, un invisible, un secret s’imposent. L’espace soudain déborde de l’œuvre. Celui qui la regarde le reçoit comme une véritable présence vaguement inquiétante.

Romain Frezzato, Monde minime, dessins de Marko Velk, L’atelier contemporain, Strasbourg, 2025, 168 p. – 25,00 €.

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