Régis de Sà Moreira, Le Libraire

Régis de Sà Moreira, Le Libraire

Pour les amoureux des librairies et de ceux qui y règnent, Le Libraire est peut-être the roman de la rentrée

Plan fixe sur un désespoir discret, chic et poli. L’aventure d’un libraire, une aventure immobile dans la marée de livres de sa librairie. Pour les amoureux de ces lieux, Le Libraire est peut-être the roman de la rentrée.

 

Il y a longtemps que le libraire n’est plus sorti de sa librairie. C’est depuis qu’il a perdu les trois amours de sa vie et qu’il se sent n’être plus personne. Il dort sur place, parfois il fait l’amour, il ne se nourrit que de tisanes au rythme de un client, une tisane, et de livres. Consciencieux et passionné, pour être sûr de ne pas vendre de la merde, son temps il le passe à lire tous les livres. Et puis la lecture est ce qui le rend heureux. Dès la lecture commencée, il avait l’impression qu’on s’occupait de lui, qu’on prenait soin de lui… il avait le sentiment d’être aimé

Passion des livres qu’il partage 24 heures sur 24 avec ses clients puisque sa librairie est toujours ouverte. Dans cet univers clos malgré tout, sa disponibilité est totale. De son fauteuil il voit défiler la terre entière, avec une préférence pour les timides, ceux qui ne savent pas ce qu’ils cherchent, et une détestation particulière pour les couples. Ainsi se succèdent entre les rayonnages des personnages assez inattendus tels qu’une dame en noir avec une faux, Dieu, des témoins de Jéhovah, un dalaï-lama, et aussi la plus belle femme du monde. Passages distrayants et anecdotiques dans cette absence d’histoire où seul compte vraiment le rapport du libraire avec les livres. Comme des animaux vivants qu’il faut soigner, nourrir, et sur lesquels en bon gardien de zoo il lui faut veiller.

Une librairie irréelle, allégorique, où surviennent des sortes de miracles. Un libraire attendrissant d’humanité. On est dans un mélange de magie et de rêve qui rend la narration jolie et pleine de fraîcheur, d’enfance parfois, plaçant ce livre au croisement de Bobin et de Baricco, avec une pincée de Lewis Caroll. Un roman qui pacifie, une écriture poétique, un jeune romancier, Régis de Sà Moreira, à la personnalité inattendue parmi les habituels jeunes auteurs du Diable Vauvert.

colette d’orgeval

   
 

Régis de Sà Moreira, Le Libraire, Au Diable Vauvert, septembre 2004, 196 p. – 16,00 €.

 
     
 

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