Pierre Drogi, Les Fulgurés
Enseignant, poète, essayiste et traducteur, Pierre Drogi est l’auteur d’une oeuvre importante. Elle reste une expérimentation de la langue. Les textes sont comme pulvérisés et font objection à toutes explications.
Ils sont ce qu’ils sont et, dans leurs échafaudages, une certaine obscurité est en jeu mais dans une « nuditas criminalis » d’une genre particulier.
L’écriture est énigmatique et singulière. Reste dans ces textes de l’irremplaçable qui ne pourrait se dire autrement. Tout s’opère néanmoins dans des noms communs mais traités comme « des mots jamais vus, jamais lus, jamais employés. »
C’est une manière de secouer la mémoire de tous les autres mots et de tous leurs autres projets.
Certes, les malentendus sont forcément possibles car rien ici n’est donné ou acquis. Tout est affaire d’écho qui vient titiller moins la conscience que l’inconscient.
Et ce que nous prenons pour incompréhensible, tout est fait afin que l’inconscient l’entende.
Il y a là confrontation, échange singulier où le texte fait résistance. Il faut s’y jeter. A corps perdu, dans un jeu de fulgurations là où – et entre autres – « l’impudicité d’Olympia / traverse le désir / jusqu’à l’extrême nudité singulière ». Ces quelques mots révèlent ce qui échappe dans un texte où « les greniers sont à la cave » en une suite de « charpies vives » et de « filoches dévidées ».
Et tout se parcourt à travers de tels « noeuds ».
jean-paul gavard-perret
Pierre Drogi, Les Fulgurés, Editions Lieux Dits, coll. Cahiers du Loup bleu, Strasbourg, 2023, 54 p. – 7,00 €.
