Philippe Cazal, Aveuglante Lumière

Philippe Cazal, Aveuglante Lumière

Signe et signature

Philippe Cazal ne cesse depuis près de 50 ans de détourner divers codes afin de proposer un jeu critique sur la ville, la politique, l’économie, la société et la place de l’artiste. Après des études à l’ENSBA, il créa avec Jean-Paul Albinet, Alain Snyers et Wilfrid Rouff le groupe « UNTEL » dès 1975. Le groupe des plasticiens dénonce la banalité du quotidien en divers types d’actions dans la rue ou – comme pour la Biennale de Paris de 1977 – le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris devenu supermarché où sont présentés 2000 objets du quotidien sous vide.
Après « UNTEL » Philippe Cazal va encore plus loin. Sa critique se radicalise : son nom se transforme en logo, à la manière du marketing et des techniques de  promotion des marques. Son art reprend les codes de la publicité pour les détourner en parodiant les effets de communication mercatique  (slogans, poses, formats, etc.).

Pour dénoncer l’art, l’auteur met en évidence sa propre charte graphique (élaborée avec une agence). Dans la suite d’un certain Pop Art il prouve que l’art, son histoire et le commerce que le premier suscite repose moins sur l’œuvre que sur la signature de l’artiste. Seule celle-ci devient le « seing » de sa « valeur »
L’artiste est surtout reconnu par l’utilisation du langage et de ses détournements dans – et comme ici avec Aveuglante Lumière (2006) – la fabrication de pochoirs. A l’inverse d’un Ernest Pignon Ernest, l’artiste refuse un art de reproduction « esthétique » : tout chez lui passe par le signe et les jeux que l’artiste pratique avec lui et qu’il propose au regardeur.

Celui-ci peut utiliser ses œuvres de manière muséale et « telles quelles » en les encadrant, voire « les laisser dans leur enveloppe » ou de manière « utilitaire » et pour ce qu’ils sont : des pochoirs qui n’ont rien d’anodin et possèdent une charge d’humour poétique. Philippe Cazal reste l’exemple parfait d’un iconoclaste. Il ne se prend jamais les pieds dans l’ego et continue à faire bouger les lignes et les murs.

jean-paul gavard-perret

Philippe Cazal,  Aveuglante Lumière, Éditions Incertain Sens, Rennes, 2018.
Pochoir avec lettres et filets en découpe sur carton gris, 50 exemplaires numérotés et signés au dos – 80,00 €.

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