Paul Sanda et al., Special Silvaine Arabo
Comme le prouvent les auteurs et poètes qui viennent saluer ici Silvaine Arabo (entre autres Michel Camus, Paul Sanda, Jacqueline Saint-Jean, Michel Host), la poésie est pour elle la partie visible de l’absence, de la perte, elle est le négatif des images qui nous hantent. C’est là qu’ « au couchant flamboient /les façades incendiées ».
Le soleil y sombre, mais plus il s’efface, plus l’absence est vive et plus la poésie devient « visible ».
Ne serait-ce pas là le moyen de redéfinir le terme rimbaldien d’ « illuminations » ? L’absence, la perte nourrissent la poésie de celle qui possède la conscience d’un manque essentiel. Il ne s’agit pas de celui dont parle l’Ecclésiaste mais il demeure tout aussi capital puisqu’il entraîne chez chaque être le sentiment d’une identité fuyante, introuvable.
Seule la poésie peut permettre de la reconquérir à travers un tel travail de mémoire. Il tient plus à la nature même du langage qu’à ce qu’il charrie d’images.
En devenant « palimpseste de la mémoire », la poésie est donc la mise en acte de l’absence. Le langage la reconditionne avec la possibilité de la transcender en faisant remonter ce que les eaux du temps ont fait dériver jusqu’à ce que s’en perde la trace.
jean-paul gavard-perret
Paul Sanda et al, Special Silvaine Arabo, 489ème Encres Vives, Editions Encre Vives, Colomiers, 2019, 16 p. – 6,10 €.