Othello

Othello

Excepté un faux-pas final, E. Vigner signe un spectacle brillant, qui satisfera un public exigeant

Éric Vigner présente une légende du répertoire à l’Odéon. Dans une mise en scène tendue, sereine, maîtrisée, toute en démonstrations sobres, il trouve un espace d’expression sans froisser la grandeur du texte.

Une construction musicale, installant dans un cadre vide des décors mobiles, des escaliers échafaudant des chemins qui ne cessent de reconduire au même point, des costumes riches, une lumière crue qui fait changer d’apparence des éléments de décor grandioses, mobiles, assemblables, font une savante machinerie, qui finit par prendre des allures mystiques.

Des acteurs inspirés incarnent de façon solennelle – presque trop, prenant des accents parfois grandiloquents – les protagonistes de ce mythe. Heureusement, Michel Fau surjoue Iago, donnant un peu de respiration à l’interprétation. La composition des éléments de décor, la viduité de la scène par moments, la mobilité de l’élément central du plateau soumettent des personnages au caractère bien trempé à la fragilité des circonstances. Une brillante élaboration, qui renouvelle la lecture du drame d’Othello, moins celui de la jalousie que celui de la manipulation.

Las, tout cet échafaudage, cette intensité présentée crescendo, trouve son achèvement dans une scène de révélation en porte-à-faux : cette construction savante n’avait de sens qu’à figurer la sombre machination qui constitue la trame de la pièce. Une fois l’intrigue mise à jour, la machinerie qui faisait décor apparaît à contre-courant, allant jusqu’à fausser le jeu des acteurs, en proie à une incantation qui tombe à plat. Hormis ce faux-pas final, un spectacle accompli, brillant, propre à satisfaire un public exigeant.

christophe giolito

Othello
W. Shakespeare – Texte français de Rémi de Vos et Eric Vigner*
Mise en scène, décors et costumes :
Eric Vigner
Avec :
Bénédicte Cerrutti, Michel Fau, Samir Guesmi, Nicolas Marchand, Aurélien Patouillard, Thomas Scimeca…
Durée du spectacle :
2h40 sans entracte

* – Le texte de la pièce a été publié aux éditions Descartes & Cie.

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