Olivier Vossot, Fils

Olivier Vossot, Fils

Le père lui-même ne se quitte jamais

Etre fils n’est pas simple. Surtout lors de certaines configurations où « au bout, tout n’a pas été vaincu encore / en moi espère l’enfant avant moi / mon père » (p. 54). Si bien que pour une fois le poids de l’enfance ne repose pas seulement sur les épaules maternelles.
Même si la femme doit partager la souffrance de cette « moitié » à aimer et qui coupe en deux à la fois la mère et le fils.

A partir de là, l’auteur remonte un périple où, pour se garder de sa parenté, il doit disparaître en lui-même, devenir ombre qui s’allonge, « abandonné de toi pour ne pas sentir / que je l’étais déjà ». Le père lui-même ne se quitte jamais.
Pas plus que sa détresse pour celle de l’enfant qui dut apprendre cette patience qui ne devait pas être celle d’un enfant.

Et en trois chants, Olivier Vossot évoque toute la charge affective qu’il dut supporter. La fêlure du père devint sa propre fragilité et il dut regarder sa blessure comme, dit-il, « je regarde grandir mon propre fils ».
Celui qui dans sa jeunesse, impuissant, n’eut « d’autres mains que ses yeux » clame son innocence et espère que ce père enfin se perde dans ce regard qu’il porta sur celui qui, trop lourd de lui-même, n’eut pas de réelle attention à lui. Pour autant, nulle haine mais ce lamento.

Vossot ne peut que revenir sans cesse face à ce qui fut et qui, malgré tout, ne peut que demeurer. Et ce, même si ce fils, comme maudit de lui-même, pour survivre, relève la tête.
Là où le corps tient le noir et retient tout autant que celui du père en son oxymorique « clair déchirant ».

jean-paul gavard-perret

Olivier Vossot, Fils, La Crypte, Hagetmau, avril 2023, 106 p. – 15,00€.

Laisser un commentaire