Musika, L’Instant mangrove & ( ) DENI ( ) ou rien (sa)-voir

Musika, L’Instant mangrove & ( ) DENI ( ) ou rien (sa)-voir

Voix et images

Cette « chose lointaine, chose réelle qui se nomme encore poésie » va ici jusqu’au bout de la peinture. Et ce, pour une raison majeure  : Musika est poétesse mais tout autant peintre. Surtout. Même si sa poésie n’est pas pour autant seconde. Bref, les deux vont de pair. Et Musika tente d’aller jusqu’au bout, viscéralement et de manière exacerbée. Il ne s’agit plus de réenchanter le monde mais tenter de se régénérer par des « instants mangroves » où le pinceau comme le stylo prolonge le corps et sa tubulure.
Une voix s’arrache au mutisme à travers l’écriture comme si l’auteur ne pouvait plus parler. La bouche est « noire » mais l’inspiration est là. Du moins, il faut sans cesse la reprendre pour que le souffle s’affranchisse de tout ce qui le conditionne . Dès lors, le poème remplace le cri, le module sans le modérer, il trouve une sonorité plus ample. L’écriture complète une œuvre plastique qui plonge dans l’opaque pour offrir une lumière à travers un minimalisme qui joue de la ténuité de l’image tout en brouillant bien des pistes.

Dans des espaces visuels, « sonores », verbaux l’errance cherche un sens contre tout ce qui le réduit. Et ce, en un mode presque « solipsiste » d’existence. Aucun simulacre. Les mots constituent des gouttes allongées et pulsées sans le moindre pathos là où, paradoxalement, tout semble sur le point de s’affaisser.
D’où la singularité d’une œuvre en marge mais en marche qui ignore la nonchalance et la tranquillité. Elle procure une angoisse et un vertige face à tout ce qui fait silence dans ce rappel au vivant que les hommes galvaudent ou refusent.

jean-paul gavard-perret

Musika,
– L’Instant mangrove
– ( ) DENI ( ) ou rien (sa)-voir »,
Edilivre 2017.

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