Monica Carocci, Equilibri
Monica Carocci utilise le médium photographique pour créer des images qui transfigurent la réalité. Cette dernière est découverte dans une dimension à la fois d’indétermination mais aussi d’équilibre afin de dématérialiser partiellement l’apparence.
L’artiste intervient sur le négatif noir et blanc. Elle applique lors du développement et du tirage des manipulations, des abrasions, des rature et des variations de couleurs, pour obtenir un résultat qu’elle définit comme « la projection de ma pensée, dans la chambre noire ».
Si, à l’origine, la photographie « mécaniquement » devint le chaînon de substitution à la peinture de paysage et de portrait, avec Monica Carocc elle ne s’intéresse pas à une fidélité du réel par son langage spécifique qui n’appartient qu’à lui.
Proche d’une nouvelle forme du pictorialisme, une telle photographe s’intéresse moins aux situations pour ce qu’elles sont que pour ce qu’elles paraissent. Le tout dans un traitement particulier de la lumière : elle n’est jamais donnée comme favorable. Les techniques spécifiques de Carocci obtiennent une lumière à la fois vive et diffuse, tamisée par des effets de brumes qui dirigent le réel vers le rêve.
La tradition de la position du corps, de la culture et de la société est revisitée autant avec un enchantement charmeur qu’avec une distance critique. Les êtres y sont parfois presque noyés dans leur décor. Emane un étrange effet de proximité et d’éloignement, de complicité et de mise à distance en une certaine froideur majestueuse.
L’artiste turinoise trouve une proximité avec la théâtralisation entre la photographie et son sujet qui reste floue. Mais la première, paradoxalement, s’émancipe dans tout un nouveau jeu de balancement et d’harmonie.
jean-paul gavard-perret
Monica Carocci, Equilibri, Collezione Donata Pizzi, 2024.
